Jadis banque d’investissement, cette institution financière tuniso-saoudienne qu’est la Stusid Bank n’arrive toujours pas à faire sa mue vers une banque commerciale. La banque avait connu son âge d’or avec son premier PDG, feu Sadok Bahroun et les quelques «grosses têtes » des finances qui l’ont suivi, tels que Abdelmajid Fraj, Abdelghaffar Ezzeddine, Béchir Trabelsi ou Brahim Saada. Entre 2007 et 2010, pour ne prendre que ces périodes, la banque avait toujours été bon an mal an, tout de même bénéficière. 21,405 MDT de résultat en 2007, 10,807 MDT en 2008, 11,472 MDT en 2009 et 9,727 MDT en 2010. Avec ses tout petits 411 mille DT de bénéfice, l’année 2011 sera la dernière bénéficière. Dès 2012, le déficit s’installe et pas des moindres : plus de 12,5 MDT d’un seul coup. Ce semble cependant être le premier coup de gong dans une série de pertes. Le bilan de l’exercice 2013, tel que publié par le CMF, d’où nous avons pu le consulter, apporte en effet la mauvaise nouvelle d’un nouveau déficit.
En cette année de grâce où la banque a changé deux fois de PDG, et marquée notamment par le retour d’Abdelwaheb Nachi après un repos depuis mars 2013, l’exercice ne sera pas meilleur que celui du précédent. C’est, en effet, une perte sèche de 26,727 MDT, en 2013, c’est-à-dire plus que tout le PNB de la banque, qui n’était que de 26,668 MDT. Une perte qui s’aggrave, puisqu’elle n’était que de 19,278 MDT à fin 2012.
Ces résultats ont certainement été, même en partie, impactés par l’importance des provisions sur les mauvais crédits octroyés par la Stusid. «La banque a constitué des provisions additionnelles sur les actifs ayant une ancienneté dans la classe 4, pour la couverture du risque net selon les quotités minimales prévues par ladite circulaire. Ainsi, les provisions additionnelles constituées s’élèvent au 31 décembre 2013 à 10,627 MDT, dont 3,855 MDT sur le résultat de l’exercice 2013 et 6,772 MDT imputés sur les capitaux propres d’ouverture de la même période». N’eût été ce recours aux capitaux propres, le déficit aurait largement dépassé le total PNB.
Dans le rapport des CC, on découvre aussi que «la Stusid Bank fait aussi l’objet, courant 2013, d’un contrôle fiscal couvrant la période allant de 2001 à 2011 pour l’impôt sur les sociétés et la période allant de 2009 à 2011 pour les autres impôts et taxes. Suite à ce contrôle, l’administration fiscale a notifié à la banque un redressement de 13,2 MDT».
Les CC attirent, de nouveau aussi, l’attention des actionnaires sur le risque encouru sur la relation «Sotacib», qui s’élève à 4,454 MDT au titre des crédits et 11,700 MDT de participations. «Cette relation connaît des difficultés et a affiché des pertes importantes au cours des exercices 2010, 2011 et 2012 », font noter les CC que personne ne semble entendre.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, «la banque a détecté, courant 2013, des opérations frauduleuses effectuées sur les comptes de certains clients au niveau de l’agence centrale et a déposé une plainte auprès du procureur de la République à l’encontre des personnes inculpées », révèlent aussi les CC. «L’enquête et les investigations sont en cours aussi bien au niveau des instances judiciaires compétentes qu’à celui des services internes de la banque », se suffisent à dire les CC qui ne donnent aucun détail sur les montants volés à la banque. Nous aussi. A croire que le ministre des Finances, Hakim Hammouda, avait raison de dire que les petites banques seront cédées.
Khaled Boumiza.
