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Tunis : Les présidentielles de la honte!

Un de ceux qu’on appelle toujours dédaigneusement les «Azlem», avait un jour dit à juste titre, lors d’une émission télévisée de confessionnal, que «les Trabelsi» ne sont pas des individus en Tunisie, mais une culture diffuse dans tout le pays (Borhane Bssaies sic). Prémonitoire, certainement sans le vouloir, il voit certainement depuis quelques jours ses dires se vérifier.

Cette culture s’était tellement démocratisée après la révolution de 2011, que le «Fassed», qui était avant 2011 une affaire de personnes, s’est rapidement propagé dans le pays comme le feu de brousse des différentes épidémies et catastrophes naturelles qui marqueront la présidence de Moncef Marzouki. Le mal du «Fassed», ronge désormais la politique, le chemin qui devait en principe mener la Tunisie de l’après Ben Ali vers la démocratie, le progrès partagé et la joie de vivre.

La Tunisie de l’après Ben Ali entrera certainement dans le Guinness book du nombre de candidats pour le seul siège de la présidence de la République. Ils étaient 70 à se présenter. Tous voulaient y être. Tous convoitaient le fauteuil de chef de l’Etat. Tous voulaient être touchés par la grâce de la Magistrature suprême. Du vieillard croulant, au jeune non fringant, des juges, des avocats, des enseignants, des hommes d’affaires, des hommes à tout faire, et des moins que rien. Tous voulaient être président, celui qui avait des milliers de signatures de parrainage, comme celui qui n’avait pas de «voiture motorisée» pour les collecter ou encore celui qui ne connaissait même pas les documents nécessaires pour le dossier de candidature. Certains en voulaient tellement qu’ils en étaient arrivés à se glisser par la fenêtre afin de détourner la fermeture des portes, d’autres voulaient tellement en jeter qu’ils exhibaient leur argent devant les caméras. Après plus de 50 ans de sacre et de majesté, la candidature à la présidence de la République en Tunisie était devenue une véritable foire.

A bien y penser, c’est même une bonne chose. Un de ces 70 candidats en a parlé et bien. «Je voulais juste démontrer que n’importe qui peut désormais prétendre légalement à ce poste », a-t-il dit pour expliquer une candidature qui ne répondait à aucun critère. Le Tunisien n’a finalement plus peur de rien. Rien n’est désormais impossible pour le Tunisien de l’après révolution et il se permet tout. Le nouveau Tunisien ose, use pour cela de tout et ne s’en fait même plus s’il en abuse.

Les abus, dans cet acte sacré de la candidature, ne manquent malheureusement pas, surtout en face d’une ISIE (Instance chargée des élections) qui a décidé de ne pas bouger le petit doigt, ne rien ou personne sanctionner, ne rien ou personne dénoncer. Les abus, parfois juridiquement punissables, ont surtout concerné les listes de parrainage. On a entendu parler d’un candidat qui a volé une base de données contenant des noms et des numéros de cartes d’identité et l’a versée en tant que liste de parrains. Le président de l’ISIE, Chafik Sarsar, racontera ce mardi l’histoire de ces candidats à la présidence qui ont utilisé les identités de personnes qui sont en prison. La présidente d’Ashahed racontera l’histoire de cet autre candidat dont les listes de parrainage comportaient plus de 1200 doublons. Il est sûr que Sarsar et l’ISIE n’ont pas tout dit et que ce qui n’a pas été dit, dans les abus de cette course effrénée aux parrains et la surenchère sur les nombres de parrains parmi les députés ou les simples électeurs, est certainement plus grave !

Des abus, en tout cas, qui donnent une très mauvaise image du candidat à la présidence de la République, celle d’un homme prêt à tout pour arriver à Carthage, un homme prêt à user des moyens les plus bas et les plus vils, comme le vol de données personnelles ou l’usage des identités de personnes décédées ou en prison, un homme qui ne recule devant rien et qui ne dit pas non au plus mauvais des coups, une espèce qui devrait être enfermée en prison. Mais de quoi s’étonner, puisque l’ISIE a décidé de ne pas exiger le Bulletin numéro 3 aux candidats aux présidentielles.

Seuls 27 candidats ont pour l’instant été retenus et ce n’est pas pour absence d’abus ou de dépassements dans leurs listes de parrainage. De grands noms sont concernés par ces dépassements et ces abus. Le plus grave, c’est qu’ils ne semblent pas s’en soucier et même prendre la chose à la légère. Commencer par un mensonge, accepter d’être cautionné par des électeurs qui n’ont jamais existé, ne semble pas le cadet de leurs soucis. Le vol, le détournement, le faux et usage de faux, s’institutionnalisent et deviennent chose courante, même au sommet de l’Etat. Il serait bien d’entendre les voix de ceux qui s’en offusquaient en accusant d’autres d’avoir falsifié d’autres élections. On aimerait bien qu’ils nous disent comment ils appelleraient ce qui se passe dans cette élection de la honte !

A l’ISIE, on n’en fait pas cure non plus et on prépare sereinement l’opération blanche des élections (Un Remake du Hajj blanc, en mode élections, qui se déroulera ce mercredi) en espérant que toute l’élection du 26 octobre n’aboutira pas, elle non plus, à un vote blanc.

Khaled Boumiza.

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