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Tunis : De quel scrutin avons-nous besoin?

On a comme l’impression que les Tunisiens se rendent pour la première fois aux urnes pour élire leurs prochains Parlement et Président. C’est qu’ils font table rase des séries d’élections tenues avant le 14 janvier 2011 qui ne comptent pas et dont aucune leçon ne peut être tirée. Pour ce qui est du scrutin du 23 octobre 2011, il a été vite décidé, vite mis en œuvre, vite contesté et vite oublié, à telle enseigne que personne n’en a retenu grand-chose.

La Constituante, chacun s’en rappelle, a été imposée dans le cadre d’un schéma qui marque une grande rupture historique avec le passé. Cela arrangeait réellement des parties politiques qui avaient leur projet en poche. Mais elles se sont aperçues que la mise en œuvre de ce dernier exigeait une adhésion populaire et demandait du temps et des moyens humains qui n’étaient pas au rendez-vous. D’autres formations qui avaient des positions plus nuancées sur le bilan du passé et sur la vision de l’avenir ont été prises dans cette logique. Et ce n’est qu’après le scrutin qu’ils ont pu exprimer leurs réserves vis-à-vis du processus de transition déjà engagé. Et puisqu’elles n’étaient pas créditées de bons scores, elles ont fait figure de mauvais perdants. Dans le paysage politique postrévolutionnaire, il y a aussi et surtout ceux qui ont poussé vers la Constituante sans en avoir tiré profit politiquement, et ceux qui étaient marginalisés, mais auxquels les développements ultérieurs ont donné l’occasion d’émerger.

Pour le scrutin du 23 octobre 2011, le paysage politique de l’après révolution était tellement étriqué et la règle de jeu tellement établie à la hâte que la classe politique n’a pas pu en tirer toutes les leçons. Alors, tous les regards sont désormais tournés vers la prochaine échéance. Tout le monde la critique et de bout en bout.

On reproche à la législation de ne pas réduire le nombre très élevé des candidats aux deux scrutins, on critique le comportement des députés qui parrainent à tort et à travers, ou qui le font contre de l‘argent, selon les témoignages de plusieurs candidats aux présidentielles. Le président de la République a parlé, même à des médias étrangers, d’une mobilisation de l’argent sale ou en provenance de l’étranger pour fausser le scrutin.

L’ISIE est la cible de plusieurs critiques : elle a fermé les yeux sur les antécédents judiciaires des candidats, elle a coopté des membres de partis politiques dans ses structures régionales, elle a publié les noms des électeurs qui ont parrainé des candidats aux présidentielles, alors qu’elle ne devait pas le faire. Et à chaque pas fait ou mesure prise, on trouve une critique à adresser à cette instance.

Les partis politiques sont également épinglés pour avoir formé le projet de noyauter l’ISIE, ou d’en influencer les décisions. En fait, tout le monde critique tout le monde. Mais à voir de près ces critiques , on s’aperçoit que le peuple tunisien et sa classe politique sont loin de regarder le processus électoral comme un échafaudage à construire petit à petit, à charge pour tous, citoyens-électeurs , partis politiques, ONG, et institutions de l’Etat, d’y prendre part .Cette architecture doit s’inscrire dans la durée et l’essentiel est de doter le processus électoral de la crédibilité requise et préparer les conditions pour qu’il se déroule dans la transparence la plus totale , de manière à ce que chacun se reconnaisse dans le scrutin et en reconnaisse les résultats.

Malheureusement, les critiques fusant de toute part ne vont pas dans ce sens et ne mènent pas à des corrections de la pratique électorale, ni à une adhésion du citoyen-électeur au système retenu pour le scrutin.

Les ONG qui sont censées aider à crédibiliser le processus sont les plus virulentes dans leurs critiques, et on entrevoit que les clivages politiques et leur positionnement recherché sur l’échiquier électoral sont en train d’influencer leur radicalisme. Les partis politiques et les indépendants qui n’ont pas de raisonnables chances d’être élus veulent anticiper leur défaite en l’attribuant aux défaillances du système électoral, à la mauvaise foi de ceux qui le gèrent ou au mauvais jeu des concurrents. Le citoyen qui n’a toujours pas le pré-requis démocratique ni l’expérience électorale large, ne retient que ce qui est négatif, insuffisant et finit par avoir une idée contreproductive de la démocratie.

Aboussaoud Hmidi

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