Le mouvement Ennahdha a engagé le géant mondial des relations publiques, l’agence Burson-Marsteller pour redorer son image aux États-Unis en vue des élections qui pourraient marquer le retour du parti islamiste au pouvoir, selon le site Almonitor.
Cette campagne de relations publiques lancée par ce parti qui puise dans les mêmes sources que celles des Frères musulmans intervient au moment où l’administration Barack Obama a déclaré la guerre aux islamistes en Irak. Le parti Ennahda, lui, est soucieux de maintenir de bonnes relations avec les Etats-Unis, qui ont fourni une bouée de sauvetage pour l’économie tunisienne en proie à des difficultés.
« Ils ont encore fort à faire pour faire oublier la réputation liée à l’arrivée au pouvoir des islamistes au Moyen-Orient », a déclaré David Ottoway, chercheur principal au Programme Moyen-Orient du Centre Wilson. « Je pense qu’ils sont impatients de montrer qu’il existe des islamistes qui croient en la démocratie. »
L’agence Burson-Marsteller a signé un contrat avec le bureau londonien d’Ennahdha, selon les rapports de lobbying déposés auprès du ministère de la Justice. Un document, sommaire, indique que le cabinet de relations publiques a accepté d’ «organiser des rencontres entre les représentants d’Ennahdha et les parties prenantes» et «encourager l’appui à des élections libres et équitables en Tunisie » dans le but de procurer à Ennahda » l’accès aux médias et lui garantir le soutien des intervenants américains en prévision des prochaines élections. »
Les « honoraires et les frais », seront « déterminés à une date ultérieure. » Selon le document.
Sollicité pour un commentaire sur la transaction, Burson-Marsteller a préféré ne pas répondre dans l’immédiat.
Le parti Ennahdha espère reconquérir le pouvoir dans le cadre d’une nouvelle coalition gouvernementale tout en gardant le maintien l’aide financière américaine. L’Administration Obama a demandé au Congrès 66 millions de dollars en aide pour la Tunisie dans sa demande de budget pour l’exercice exercice 2015, tout en approuvant près de 1 milliard de dollars en garanties de prêts depuis les soulèvements du printemps arabe.
Ennahda ne laisse rien au hasard !
Rachid Ghannouchi le chef du parti est de retour aux Etats-Unis pour une tournée-éclair la semaine prochaine, la cinquième depuis 2011. Le 29 septembre, il s’adressera à l’US Institute of Peace. Le programme de sa visite prévoir aussi des réunions avec les officiels du Département d’Etat, les membres du Conseil national de sécurité et ceux du Congrès américain à Capitol Hill.
« De toute évidence, Ennahda est très intéressé à avoir de bonnes relations avec les Etats-Unis », a déclaré Radwan Masmoudi du Centre pour l’étude de l’Islam et la démocratie, qui participe à l’organisation de la visite de Ghannouchi.
« Il veut expliquer ce qu’est Ennahda en termes d’Islam modéré et d’une nouvelle interprétation moderniste de l’Islam qui croit en la démocratie, qui croit en un gouvernement inclusif, qui croit à un dialogue national où l’Islam et les laïcs peuvent vivre ensemble et peuvent coexister dans un système démocratique « , a-t-il dit.
Il est à signaler que Burson-Marsteller est une agence internationale de communication et de relations publiques, qui compte 67 bureaux dans le monde, ainsi que 71 bureaux affiliés dans 98 pays sur six continents. Parmi ses clients, Burson-Marsteller compte de nombreuses entreprises multinationales et des agences gouvernementales. Au début des années 1980, celle-ci devient l’une des plus grandes entreprises de relations publiques dans le monde.
Burson-Marsteller est spécialisée dans les relations publiques, les relations presse, la communication institutionnelle et les affaires publiques, la communication high-tech, la communication santé, le marketing et la publicité, mais elle est surtout connue et réputée pour ses services de communication de crise et de lobbying politique. L’entreprise a remporté de nombreuses récompenses au fil des décennies pour son travail dans la gestion de crises graves comme la crise financière asiatique à la fin des années 1990, une tentative d’extorsion contre la société britannique GlaxoSmithKline en 2002, l’affaire des empoisonnements au Tylenol à Chicago, les protestations des salariés de la centrale nucléaire de Three Mile Island ou encore les attaques terroristes contre des touristes en 1993 en Égypte.
M.L
