Les octobre se suivent et se ressemblent à Montplaisir. Mercredi 14 septembre 2011, Ennahdha présentait en avant-première au Palais des Congrès à Tunis, les grandes lignes de son programme politique pour les élections de la Constituante. Lintitulé en était alors : « Pour une Tunisie de liberté, de justice et de développement ». Le document comportait 365 points, c’est-à-dire au moins une action par jour. Un programme qui avait pour objectif de «de rompre définitivement avec lancien système politique et de lutter contre la corruption », comme le soulignait alors le président du mouvement, Rached Ghannouchi.
Sagissant du volet économique, Noureddine Bhiri précisait alors que «ce programme sest fixé pour objectif de créer quelque 590 mille postes demploi durant le prochain quinquennat, ce qui contribuera à réduire le taux de chômage aux environs de 8,5 pc à lhorizon 2016».
Dans cette vidéo circulant sur les réseaux sociaux, Habib Ellouz annonçait des milliers de nouveaux emplois et indiquait «nous ne plaisantons pas. Nous en sommes sûrs, car il sagit du résultat détudes sérieuses et de calculs scientifiques. Notre programme a été mis au point par 182 spécialistes».
Faisant la promotion de ce programme, Habib Ellouz, dont les Tunisiens navaient pas encore découvert la facette «Takfiriste» [Traduisez : Accusation danathème], disait alors (Voir Vidéo) que «Ennahdha mettra au point un nouveau modèle de croissance et créera de grands projets. Lorsque nous avons annoncé les 590 mille nouveaux postes demploi, nous ne plaisantons pas. Nous en sommes sûrs, car il sagit du résultat détudes sérieuses et de calculs scientifiques. Notre programme a été mis au point par 182 spécialistes économiques et financiers.», disait-il en brandissant une chemise cartonnée bleue.
Après 3 années à la tête du pouvoir législatif et quelque deux années à la tête du pouvoir exécutif aussi, force est de constater que le programme dEnnahdha na été quun gros mensonge, une gros leurre et un document qui voulait faire prendre les vessies pour des lanternes. En effet, pour ce qui est de rompre avec lancien régime, on ne peut que remarquer que les anciennes pratiques, de mainmise sur tous les pouvoirs, de tentative de mainmise sur les médias et dune gouvernance de lEtat centrée sur une seule personne, ont été seulement mises à jour et remises au goût dEnnahdha. Durant plus de deux ans, le parti islamiste a gouverné tout seul, ou presque, si on considère le CPR comme un pendant dEnnahdha et si lon considère quEttakattol a gardé un profil bas tout au long du règne dEnnahdha. Quant à la corruption, il ny a quà lire le dernier rapport de la Banque mondiale, «la révolution inachevée», pour constater son explosion depuis la prise du pouvoir par Ennahdha. Aux 590 mille nouveaux emplois se sont substitués les quelque 70 mille nouveaux recrutements à la fonction publique issus des milliers de supporters du parti islamiste. Au premier trimestre 2014, selon lINS (Institut National de la Statistique), le taux de chômage était de 15,2 %.
On passera au demeurant sur les échecs répétés des gouvernements de Hammadi Jbali et dAli Larayedh à redresser la situation économique, à arrêter le dérapage de la situation financière, à endiguer la contrebande qui alimentera le terrorisme, à ralentir linflation galopante et lenvolée du coût de la vie de la vie et à stopper la conversion de ceux que leur chef Rached Ghannouchi traitait de «fils» en terroristes, connus et reconnus et finalement mis au ban de la société et à juste titre combattus.
Trois ans, presque jour pour jour après son premier programme électoral qui na été quun gros mensonge, Ennahdha tient une conférence de presse, ce mardi 23 septembre 2014, pour présenter son nouveau programme électoral pour les législatives 2014. Lors du premier, les 365 points étaient certainement expliqués par lautre mensonge, celui de ne rester au pouvoir quune seule année. 2014, préfigurent un mandant de 5 ans. Avec le même raisonnement, Ennahdha devrait nous sortir, ce jour, un gros livre contenant et détaillant 1825 mesures et actions (365 x 5 = 1825) qui rendraient le sourire au Tunisien dans ses rêves !
Khaled Boumiza.