AccueilLa UNETunis : Une dynamique politique en cache une autre

Tunis : Une dynamique politique en cache une autre

Le principal objectif de tout démocrate est la réussite de l’étape de transition que traverse le pays depuis janvier 2011. Elle doit s’achever dans la sérénité et le calme, et son ultime phase transitoire caractérisée par les élections législatives et présidentielles se dérouler dans la transparence et le respect de la loi. Tout le reste est secondaire.

Or, à mesure que le rendez-vous électoral approche, la fébrilité augmente, l’atmosphère s’alourdit et les suspicions des uns envers les autres se multiplient. Mais malgré cela, il est facile de déceler des facteurs positifs prenant racine dans des tendances logiques et naturelles qui poussent la société tunisienne et les institutions du pays vers plus de stabilité et de lucidité, et remarquer que cette stabilité prend de plus en plus le dessus sur la confusion et le désordre.

Cette stabilité s’explique au moins par deux éléments fondamentaux. D’abord, les règles du jeu qui se rapportent aux deux scrutins sont claires et admises par tous. Elles ont été établies de manière consensuelle par toutes les parties prenantes (dans la constitution, la loi électorale et la feuille de route émanant du Dialogue national), et sont, de ce fait, universellement assumées, et toutes les parties disent tout haut qu’elles vont s’y conformer et en reconnaître les résultats. Donc il n’y a pas de grand risque, au moins en théorie, de voir à l’issue des deux scrutins de mauvais gagnants qui prendraient les résultats pour un mandat divin, ou un référendum sur un modèle de société autre que celui choisi par les Tunisiens depuis des décennies, ou encore de mauvais perdants qui crieraient à la fraude systématique dès que leurs listes sont mises en minorité.

Le second élément se rapporte à la configuration des forces politiques en présence qui a fini par prendre forme de manière presque définitive pour ce scrutin. Nous sommes en présence de trois grandes familles politiques : la première formée par l’islam politique qui englobe tous les courants islamistes y compris ceux qui ne reconnaissent pas les élections et le système politique (Hizb Ettahrir et les salafistes de tous bords), la deuxième est constituée par l’extrême-gauche et la troisième est formée par les forces du centre englobant toutes les franges qui se situent entre les deux premières.

L’extrême- gauche a choisi apparemment de faire cavalier seul aussi bien dans la stratégie électorale que dans le schéma de développement, l’islam politique a des acquis à préserver. Ces acquis sont conjoncturels découlant des évènements du 14 janvier et du scrutin d’octobre 2011, mais Ennahdha veut faire d’eux des acquis historiques et irréversibles. Quant aux forces du centre, qui sont le point fort du pays, de la société et des institutions de l’Etat, ils se présentent aux deux scrutins en ordre dispersé.

Les formations constituant l’Union pour la Tunisie, Nidaa Tounès, Afaq Tounès, Al Joumhouri, l’Alliance démocratique et le Parti Socialiste sont des courants profondément démocratiques, qui sont acquis à l’idée de l’Etat moderne et convaincus de la nécessité d’optimiser les moyens assez rares dont dispose le pays pour créer la richesse et la distribuer le plus équitablement possible.

Les Destouriens qui sont eux-mêmes dispersés, semblent être mieux compris par Ennahdha, qui aurait mené avec eux des discussions poussées et sérieuses sur le passé, mais également sur l’avenir du pays. Les islamistes paraissent convaincus que les Destouriens ont vraiment changé, mais la gauche affiche envers eux une méfiance grandissante, qui s’est manifestée à l’occasion du retour de Mondher Znaidi, dimanche.

Ces destouriens paraissent les plus désunis de toutes les familles politiques. Ils présentent au moins cinq candidats à la Présidence et semblent plus soucieux de justifier leur comportement passé que de valoriser leurs atouts, accréditant le jugement assez superficiel porté sur eux par la gauche, qu’ils n’ont rien appris ni rien oublié.

Mais, au-delà de cette fébrilité et de la dynamique des campagnes électorales, l’observateur peut facilement entrevoir une autre dynamique qui se met déjà en place, et préfigure un rassemblement des forces politiques à l’issue du scrutin législatif. La configuration qui se dessine repose trois grands blocs : un rapprochement de la famille islamo-nationaliste verra le jour sur la base de l’identité, l’extrême-gauche tiendra, sauf miracle, à sa vision propre qui se base sur l’apologie de l’étatisme et le modèle de développement choisi par les pays socialistes après la deuxième guerre mondiale , et les centristes seront unis autour d’un modèle de développement performant et équitable, du renforcement du projet de société tunisien et de la restauration de l’autorité de l’Etat moderne. Et tout indique que le scrutin présidentiel, et surtout son second tour, sera le premier exercice de ce nouveau redéploiement politique.

Aboussaoud Hmidi

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