AccueilLa UNETunis : Il y a bousculade devant le palais de Carthage!

Tunis : Il y a bousculade devant le palais de Carthage!

Pas moins de 45 candidats sont en lice pour briguer la présidence de la République. Et ce surnombre a amené l’un d’entre eux, le chef du mouvement Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi à se fendre d’une boutade parabolique en disant que « ceci n’est même pas arrivé en Chine » sans dénier pour autant à tout citoyen tunisien se sentant en mesure de postuler à cette charge le droit de le faire. Voire ! Ainsi pensée, la magistrature suprême, à ce point galvaudée, deviendrait une foire d’empoigne où le premier venu aurait moins de scrupules qu’un autre pour afficher des visées présidentielles et s’y employer.

Convenons que, pour l’écrasante majorité des postulants, il ne s’agira que d’un simple exercice de figuration qui servira toutefois à garnir une carte de visite et à s’attribuer un aura rarissime chez le grand nombre. Mais dès lors qu’on entrera dans le vif du sujet, il n’en restera que les candidatures « sérieuses », celles des blanchis sous le harnais, et ils ne sont pas rares non plus, puisque outre deux des trois présidents de la ci-devant troïka, en l’occurrence Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaafar, il y aura sans doute une pléiade de figures dont les états de services ne datent pas de l’après-révolution, mais remontent aux deux régimes qui ont gouverné la Tunisie depuis l’Indépendance et qui y ont occupé des fonctions de premier plan.

Autant dire que les Destouriens s’invitent massivement au scrutin, mais en ordre remarquablement dispersé malgré les multiples tentatives de les inscrire dans la même orbite électorale et les rassembler sous la férule d’un candidat unique. Il est cependant remarquable que malgré la diversité des étiquettes, les candidats, de vocation censément destourienne, se sont échinés séparément, à vouloir convaincre l’électorat que leur objectif n’est pas de remettre en selle le régime auquel ils ont appartenu, mais à doter la Tunisie d’institutions réellement démocratiques, d’un système où l’Etat de droit est une référence majeure avec son cortège de garanties de libertés, de pratiques politiques transparentes et d’ambitions nouvelles et largement convenues pour les Tunisiens. Dans cet exercice, les Destouriens entendent bien capitaliser sur les erreurs et les errements de la troïka et son bilan « désastreux » de la gestion du pays entraîné dans une situation chaotique, du fait de l’amateurisme et de l’impéritie dont ce triumvirat (Ennahdha, CPR, Ettakatol) a fait preuve, doublés de convictions politiques et idéologiques surannées et généralement incompatibles avec les attentes des Tunisiens.

Il faut dire que les candidats destouriens ne sont pas à court d’arguments pour convaincre l’électeur du bien-fondé de ce dont ils seraient capables, notamment un savoir-faire éprouvé de la chose publique qui se décline dans des avancées sur bien des plans, économique, social et diplomatique,, mais surtout une virginité politique marquée par une rupture totale et irréversible avec le régime déchu, jumelée à des professions de foi et des engagements fermes d’offrir aux Tunisiens un modèle politique, économique, social et culturel qui les propulse vers d’autres horizons en accord avec leurs aspirations et qui leur fasse oublier les péripéties et les épreuves qu’ils endurent depuis la Révolution.

Le pari sera-t-il gagné ? Voici la lancinante question à laquelle il va falloir trouver la réponse qui convainque les électeurs, surtout les jeunes d’entre eux, alors que leurs principaux adversaires, de l’ex-troïka et d’ailleurs, mettent les bouchées doubles pour leur barrer la route et pulvériser leurs chances d’arriver au pouvoir. C’est de bonne guerre, devrait-on dire, même si les coups fourrés de part et d’autre font partie de la règle du jeu, et tout dépend de la façon dont ils sont habillés et portés.

Il reste que l’électorat ne pèche pas par une immaturité qui lui interdit de distinguer le bon grain de l’ivraie, étant dans la posture où il est conscient des enjeux dictés par une conjoncture de plus en plus difficile à force d’empirer et qui requiert des choix lucides et clairs affranchis de velléités purement électorales et résolument chevillés à ce qui est bon pour le pays et salutaire pour son devenir.

Les faux bonds ne sont plus permis, les errements du passé non plus. La Tunisie est à la croisée des chemins et les choix qui seront faits le seront pour tout un mandat et une législature pleine et entière. Une raison majeure pour choisir l’attelage qu’il faut pour une magistrature suprême complètement rénovée, incarnant d’autres valeurs et surtout capable de mener le pays à bon port.

Mohamed Lahmar

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