Aujourd’hui, le monde entier commémore le 11 septembre 2011. Les 4 attentats-suicides perpétrés le même jour, à quelques heures d’intervalle, par des membres du réseau terroriste se réclamant d’Al Qaeda de Oussama Ben Laden ont visé des bâtiments symboliques de l’Est américain faisant presque 3000 victimes parmi les civils.
Evidemment, chacun commémore l’évènement à sa manière. L’Occident est unanime à condamner les opérations, mais l’espace arabo-musulman n’est pas uni dans sa position. Les 19 terroristes qui sont parvenus à détourner quatre avions de ligne sont vus par plusieurs musulmans et arabes comme des héros. Plusieurs observateurs occidentaux ont relevé que le monde musulman a été prompt à excommunier Salman Rushdi (auteur des versets sataniques) par exemple, mais aucun dignitaire religieux musulman n’a osé le faire pour Oussama Ben Laden. Et pour se faire bonne conscience, plusieurs intellectuels et hommes de religion de l’espace arabo-islamique qui sont pris par la tentation de banaliser le 11 septembre 2001, se basent sur des versions marginales pour ne pas dénoncer vigoureusement ces attaques.
Il est vrai que les versions ont été nombreuses pour relater les faits mais les analyses qui s’attelaient à les expliquer ont été encore plus nombreuses. Les plus importantes et qui méritaient d’être suivies portaient sur la connaissance de plusieurs services de sécurité dans le monde de ce qui allait arriver, mais tout indique qu’ils n’avaient rien fait pour l’empêcher. Est-ce une méprise de leur part ou une machination pour donner un argument à ceux qui veulent changer la carte du monde comme l’annonçaient les nouveaux conservateurs, qui s’activaient autour du Président Georges Bush, dans leur littérature.
L’acte criminel et terroriste n’a pas besoin d’être complètement mis en lumière et parfaitement expliqué pour être condamné. Il suffit que les victimes soient civiles et que l’acte soit préparé de manière à en faire tomber le maximum pour être stigmatisé. L’horreur provoquée par ces attaques ne peut pas être banalisée par d’autres actes criminels commis sous d’autres cieux à Deir Yassine un certain 9 avril 1948, à Beyrouth en avril 1973 ou en été 1982,au Sud Liban en 2006,à Gaza en 2008-2009, 2012 ou 2014.
Ce sont là des positions de principe qui ne peuvent bénéficier d’aucune restriction ou de circonstances atténuantes. Et les hommes politiques qui veulent convaincre l’opinion publique de leur pays et celle internationale doivent se conformer à ces principes et montrer qu’ils les respectent scrupuleusement.
Ces idées m’ont traversé l’esprit ce matin en lisant un statut posté sur face book et rédigé par les hommes de la Révolution du Kram qui passent pour être des gens proches du président de la République Moncef Marzouki et de Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste modéré Ennahdha. Ils ont félicité dans ce statut la Nation Islamique à l’occasion des attaques du 11 septembre2001, justifiant, dans la foulée, les célèbres attaques par « les agissements américains en Irak ,au Soudan et le soutien inconditionnel des Etats-Unis aux massacres perpétrés contre le peuple palestinien ». Les hommes de la Révolution du Kram ont saisi l’occasion pour rendre un hommage posthume à Oussama Ben Laden et « implorer Dieu d’accorder la paix à son âme, et de le recevoir comme martyr ».
Le statut qui qualifie les 19 kamikazes de lions ajoute que la Nation Islamique n’a pas donné , depuis , naissance à des héros pareils et s’en est pris à ceux qui ont avancé que ces attaques étaient l’œuvre des services de sécurité américains pour justifier la conquête de l’Afghanistan et de l’Irak , les traitant de valets des ambassades américaines qui ne veulent pas que l’honneur de ces conquêtes soit attribué à la Oumma Islamique.
Jusqu’à présent, ni le Président Moncef Marzouki ni Rached Ghannouchi, connus pour être très proches d’Imad Dghij l’illustre symbole des gens de la Révolution du Kram, ne se sont dissociés de ces déclarations. Et au cas où leur silence se prolongerait, personne ne pourra empêcher les observateurs de parvenir aux conclusions les plus extravagantes.
Aboussaoud Hmidi
