AccueilLa UNETunis-économie : Un annus horribilis relaie l’autre!

Tunis-économie : Un annus horribilis relaie l’autre!

Depuis la Révolution, l’économie tunisienne n’a pas connu un seul annus horribils, mais trois anni horribiles, et il y a tout lieu de croire que le quatrième (2014) n’échappera pas à la règle que l’on espère éphémère.

Pourtant, la Tunisie a amorcé, depuis 2012, et après la récession de 2011, une reprise économique modérée grâce à des politiques monétaires et budgétaires expansionnistes, à un afflux d’investissements directs étrangers, ainsi qu’à une mobilisation importante de ressources extérieures, ouvrant la voie à des perspectives prometteuses de redressement économique. Toutefois, on a vite déchanté, et comme le souligne le dernier Rapport annuel de la Banque centrale de Tunisie, cet élan a été rapidement contrecarré par la conjonction de facteurs adverses multiples, avec en particulier un environnement international et régional défavorable, la poursuite chaotique du processus de transition politique avec l’assassinat de deux leaders politiques, la persistance de l’instabilité sécuritaire et sociale, l’érosion de la marge budgétaire et la fragilité du système financier. Aussi, le rythme de l’activité économique est-il demeuré modeste au cours de l’année 2013 avec en prime une accentuation des pressions sur les plans budgétaire et du compte extérieur dans un contexte toujours marqué par un niveau élevé du chômage, notamment pour les jeunes diplômés, et par les disparités régionales.

Ainsi, le taux de croissance s’est limité à 2,3% l’an passé et le ralentissement de l’activité économique s’est confirmé, durant la première moitié de l’année 2014, dans les secteurs clés de l’économie, notamment le secteur industriel avec une baisse de la production énergétique alors que les principaux secteurs orientés vers l’exportation ont perdu de leur dynamisme. De même, le secteur des services a perdu de sa vitalité sous l’effet surtout du repli de l’activité touristique et du transport. De ce fait, la croissance économique est demeurée anémique (2,2% au premier trimestre de l’année en cours) et ne devrait pas dépasser 2,8% pour l’ensemble de l’année; ce qui n’est pas de nature à réduire de manière significative le taux de chômage, notamment celui des jeunes diplômés, et d’améliorer le niveau de vie des citoyens.

Cette situation économique est d’autant plus alarmante, estime le gouverneur de la BCT en exergue au document de l’institut d’émission, qu’elle s’est accompagnée d’une aggravation des déséquilibres financiers internes et externes, avec, en particulier, un creusement sensible du déficit courant sous l’effet de l’accélération des importations de l’énergie et des biens alimentaires face à des exportations en perte de vitesse, des flux d’IDE en net recul, un taux d’endettement tendanciellement élevé et une accélération de l’inflation, faisant peser encore plus de pressions sur les réserves en devises (dont le niveau actuel de 108 jours d’importations n’a été atteint que grâce aux efforts de mobilisation de crédits extérieurs), sur la liquidité de l’économie et la valeur de la monnaie nationale.

La situation d’atonie prolongée de l’activité économique couplée à la détérioration des équilibres financiers n’a que trop duré; elle doit être circonscrite rapidement, décrète la BCT. Cet impératif requiert l’engagement de tous et la mobilisation de tous les efforts pour la mise en place des mesures de redressement immédiates dont les résultats doivent être perceptibles à court terme, sans lesquelles l’économie nationale risque de se précipiter dans des dérapages irréversibles et dont le coût économique et social serait, non seulement intolérable, mais surtout insurmontable pour la communauté nationale.

Pour la période à venir, la BCT dit avoir à faire face à de nombreux défis. Outre son objectif principal de stabilité des prix, elle devra s’atteler aux lourdes tâches visant la préservation de la stabilité financière et la contribution à la relance de la croissance économique. Par une politique monétaire anticipative, elle veillerait à ancrer les anticipations inflationnistes afin d’agir sur l’inflation future. Bien entendu, la maitrise de l’inflation ne saurait être de l’apanage exclusif de la BCT et son accomplissement requiert d’une part la contribution volontariste de la politique budgétaire, et d’autre part l’engagement des partenaires sociaux à œuvrer de concert à la maitrise de la spirale prix-salaires.

La Banque Centrale de Tunisie, dont la politique monétaire conçue et menée en toute indépendance est mise au service d’une bonne gouvernance de l’économie nationale, est « entièrement acquise à l’orientation réformiste dans la gestion des affaires publiques du pays amorcée par l’Etat parce qu’elle nous paraît la seule garante d’un retour à la croissance rapide et sur une base durable et saine », assure son gouverneur.

« Notre pays, qui est sur le point de réussir, non sans sacrifices, l’épreuve de la transition politique avec l’organisation par un gouvernement indépendant des partis d’élections parlementaires et présidentielles libres et démocratiques, se trouve désormais devant une épreuve autrement plus difficile, celle de réussir dans des délais acceptables la transition économique garantissant une croissance forte et équilibrée et dont, aussi bien les coûts que les avantages, seront équitablement partagés par l’ensemble de la communauté nationale », souligne-t-il.

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