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Tunis : «On n’a pas besoin de show. On fait la danse du ventre tout seuls». Dixit Mehdi Jomaa.

Recevant, hier mercredi 3 septembre 2014, dans la salle du conseil des ministres, les responsables de la presse tunisienne, Mehdi Jomaa a parlé de tout, de l’économique jusqu’au sécuritaire, presque sans tabous.

L’objet initial de cette rencontre, informelle, était de leur expliquer les tenants et les aboutissants de ce qui sera certainement l’évènement économique qui marquera son mandat qu’il n’a pas arrêté de qualifier de temporaire, sans aucune possibilité de reprise dans aucun des fauteuils de l’Etat. L’évènement est un séminaire international, avec une très forte présence de gros investisseurs internationaux et de grandes figures de la politique et des finances européennes.

Un évènement qui devait s’appeler «les amis de la Tunisie » et prendre la forme d’une conférence de donateurs pour aider la Tunisie à franchir l’étape difficile de la transition. Mehdi Jomaa décidera, cependant, d’en faire une réunion de vrais investisseurs, qui ne viennent pas pour des effets d’annonces sans suite, mais pour faire des affaires. Interrogé par un des journalistes présents sur le pourquoi ce changement, le chef du gouvernement tunisien aura cette réplique chargée de sens et frappée du sceau du bon sens. «Nous n’avons pas voulu tomber dans le schéma des pays donateurs. On n’a pas besoin de show. On fait la danse du ventre tout seuls», a-t-il dit, sarcastique, mais raisonnable et serein.

Il ajoutera, en substance et en guise d’explication, que la Tunisie s’était déjà essayée aux engagements pompeux et en gros chiffres, pris lors de grandes messes économiques, sous forme de véritables shows médiatiques et n’en avait tiré que les promesses qui n’engagent que ceux qui y croient. L’ancien premier ministre tunisien, Béji Caïed Essebssi, en sait quelque chose.

Cette réplique du chef du Gouvernement tunisien, lorsqu’il répondait à la question d’un journaliste sur le choix entre «Invest in Tunisia, a Startup Democracy» et une conférence des donateurs, est bien sûr imagée par un humour noir qui était de circonstance. Il y perçait surtout beaucoup de fierté et un très fort sens de la dignité et de la responsabilité de la part du chef d’un gouvernement qui supportait manifestement mal de se retrouver obligé de s’endetter, en attendant que les mesures prises par son cabinet arrivent à remettre la machine économique du pays dont il a temporairement la charge, en marche.

De la rencontre «Invest in Tunisia, a Startup democracy», Jomaa parle comme de l’évènement qui marquera le retour de la Tunisie en tant que terre d’investissement. «Que cette conférence d’investisseurs se tienne, dans cette conjoncture spéciale pour la Tunisie, cela veut dire que nous avons réussi à redonner confiance aux investisseurs et à leur donner la visibilité nécessaire, au moins économique, sinon politique aussi», a souligné Mehdi Jomaa devant les journalistes en référence aux prochaines élections dont il a la charge de la réussite, avant d’ajouter que «nous allons présenter la vision qu’on a pour la Tunisie ». Une vision sous forme d’une stratégie dénommée «un pays, une vision, un avenir», concrétisée par 22 grands projets, structurants et insérés dans une dynamique sectorielle selon la valeur ajoutée.

La démarche est à saluer tant elle contribue à sauver l’honneur d’une Tunisie qui n’a plus bonne presse économique depuis la révolution. Une Tunisie des mouvements sociaux, de tous genres et revendicateurs à tout bout de champ. Une Tunisie de la consommation à outrance et de la dégénérescence de la valeur du travail. Une Tunisie que fuient les investisseurs dont elle a pourtant besoin pour créer de l’emploi et des richesses à distribuer. Une Tunisie enfin, qui a grandement besoin de redorer son blason de terre d’investissement, pays de main d’œuvre qualifiée et qui «ne rechigne pas au boulot». Une démarche, celle d’une équipe de vrais technocrates qui se rebiffent enfin et tendent la main, non pour demander aides et dons, mais pour offrir des opportunités à leur propre pays comme à ceux adeptes du proverbe chinois disant «ne me donnez pas du poisson. Apprenez-moi comment le pêcher». Une démarche enfin, qui s’inscrit dans le droit chemin de l’action refondatrice de l’Etat, que s’est donné le gouvernement Jomaa, dans le cadre global de sa feuille de route pour la préparation d’un environnement propice à la réussite des élections. Or, cette réussite se doit de s’inscrire dans la durée, en recapitalisant les efforts en faveur d’un retour au travail, la création de postes d’emplois dans un Etat, non plus providence, mais un Etat planificateur et régulateur.

Khaled Boumiza.

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