AccueilLa UNEMondher Znaidi aurait-t-il un rôle à jouer à l’avenir?

Mondher Znaidi aurait-t-il un rôle à jouer à l’avenir?

Révolutionnaire ou illuminé, MondherZnaidi n’est ni l’un ni l’autre. En tirer un portrait nous placerait inéluctablement dans l’embarras du choix pour sacrifier l’angle de l’analyse au profit d’un tri presque au hasard des éléments les plus pertinents de son itinéraire, nous amenant ce faisant à prendre le contrepied de ce que dicte la profession.

Il est de souche populaire, un pur produit du Centre-ouest, son père, l’illustre Abdelaziz Znaidi, Centralien et un des bâtisseurs de l’infrastructure et du tissu économique du pays lui ayant imprimé ce destin. Il est originaire de la région et a tenu à le rester sa vie durant, d’abord comme maire de la ville de Sbeitla, puis comme simple citoyen. Le fils l’est devenu évidemment par hérédité, mais aussi par vocation. Il y était comme un poisson dans l’eau, lui qui est Tunisois de naissance. Il a fréquenté trois prestigieuses écoles en Tunisie et en France, le collège Sadiki à Tunis, l’Ecole Centrale et L’ENA à Paris. Il rejoint, à 26 ans, la haute administration de son pays pour s’y investir jusqu’au 14 janvier 2011, date de son exil temporaire, et se rive parallèlement à sa région, ne la quittant jamais ni des yeux ni du cœur. Empêchés au début par notre éthique de commenter l’imbroglio juridique dans lequel il a été enserré, on peut simplement dire aujourd’hui, une fois rendu le non-lieu dans les affaires où il était censément impliqué et annulés tous les mandats d’amener lancés à son encontre qu’il y avait une grande part de surréalisme dans le dispositif judiciaire mis en branle le concernant de part en part.

La dernière chose que les Tunisiens ont retenue de lui, lors des évènements de janvier 2011, c’est sa participation aux funérailles de civils tués à la cité Ezzouhour à Kasserine, et le fait de s’être rendu, à partir du 8 janvier, au chevet des blessés durant les affrontements de Kasserine et de Thala. D’aucuns avaient cru comprendre qu’il était l’émissaire officiel à la région, mais ceux qui étaient alors à ses côtés savaient qu’il n’avait pas d’autre message à passer que celui de la compassion, de la sympathie et du recueillement. Et de tels sentiments qui sont par essence intimes et personnels, ne pouvaient être soufflés. Témérité donc ou courage de sa part en ces moments dangereux et intenses, ou simple positionnement pour l’avenir, au cas où les choses basculeraient et les grands équilibres seraient épargnés ? Le fait est que, en cette dramatique situation, la personne que tout le monde connaît ne se prêterait ni à la démagogie ni au calcul, et encore moins au cynisme. Il ne se serait pas permis, lui le fils de Kasserine, de faire de la politique lorsque le sang des siens coulait, ni ne pourrait investir dans l’avenir, lui qui a le sens de la chose publique, lorsque l’Etat était à ramasser. Et les temps n’étaient pas à la démarcation entre courage et témérité pour aiguiller ses sentiments et fixer à l’avance où il devait s’arrêter. Ceux qui l’accompagnaient disaient qu’il ne bénéficiait dans cette région en pleine ébullition, ni de protection ni ne disposait de moyens d’action, et son seul réconfort était d’être chez lui, auprès des siens et parmi eux.

Cette même position était la sienne propre lors des évènements du bassin minier en 2008, mais sa marge d’action était tellement réduite qu’il n’a pas pu, à l’époque, passer les messages les plus élémentaires et transmettre les sentiments les plus humains.

Ses proches disent, maintenant, qu’il rentrera dans les jours qui viennent. Mais quel rôle aurait-il à jouer en cette période cruciale ? En fait, la débauche des listes électorales pour les législatives et la profusion des candidatures aux présidentielles donnent à penser qu’en surface, tous les espaces sont préalablement délimités et définitivement occupés. Mais si on laisse de côté l’approche « deux dimensions » où tout semble verrouillé pour les nouveaux venus, le regard « à trois dimensions » nous indique que MondherZnaidi peut jouer un rôle de premier plan. D’abord, son expérience, son savoir-faire et son tact peuvent être d’une grande utilité, dans sa région martyrisée par des décennies de marginalisation, étourdie par quatre années de revendications sans lendemain et sinistrée par une irruption indéchiffrable du phénomène terroriste. Ensuite, son apport peut être très précieux dans la mouvance centriste, débordant d’énergie, mais lestée de querelles personnelles et de calculs politiciens. Cette mouvance qui comprend la Gauche modérée, les tendances libérales, les Destouriens et les Rcédistes a besoin d’être définitivement orientée vers deux missions historiques : la consolidation du projet de société et la révision du modèle de développement pour lui conférer efficience et équité. Cela commande que soit réinventée la fonction de l’Etat pour encadrer plus efficacement une régionalisation qui étonne par son dynamisme mais qui peut mener loin, un système politique qui glisse, sans garde-fous, vers un parlementarisme sans identité et une administration qui est tenue de se décentraliser à la hâte, sans moyens ni vision stratégique.

Ces grands dossiers, éludés à dessein par une frange de la classe politique, habitée par le positionnement et le partage du gâteau, ou totalement inexistants dans l’agenda d’autres franges, peuvent, une fois leur importance saisie et leur contenu vulgarisé, constituer la base d’un consensus national, pour cinq ou dix ans, qui ira au-delà des forces centristes et des régions marginalisées. Mais pour susciter une si large adhésion, il faut des responsables désintéressés, expérimentés, modérés, dotés du sens de la pédagogie et du compromis. Ils sont nombreux en Tunisie, mais ils sont relégués au second plan, comme l’a été, quatre ans durant, MondherZnaidi.

AboussaoudHmidi

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