S’appuyant sur des données officielles, l’ex-colonel de la Garde Nationale et expert en sécurité, Ali Zramdini a affirmé que plusieurs éléments « terroristes » et « infiltrés » ont franchi les frontières tuniso-libyennes grâce à de faux documents.
Dans un entretien téléphonique avec Africanmanager, il a souligné qu’il est difficile d’établir l’authenticité de ces documents ou conclure qu’il s’agit de faux eu égard au fait qu’un grand nombre des terroristes de plusieurs nationalités arabes sont entrés en Tunisie en étant porteurs de ces papiers libyens lesquels ont été délivrés de manière illégale en Libye.
Ali Zramdini a fait remarquer que ces groupes ont reçu une formation au cours de laquelle ils ont appris à parler le dialecte local pour pouvoir passer inaperçus parmi les autres citoyens déjà présents à Ras Jedir.
La situation est jugée de plus en plus complexe en raison surtout de l’incapacité de l’Etat libyen à accomplir ses missions de contrôle. « Dans pareille situation, la mission des agents de la sécurité tunisienne demeure difficile et la vérification de documents présents par les citoyens libyens est une opération complexe », a-t-il dit.
Entrée des terroristes en provenance d’Italie
Outre les documents falsifiés, Zramdini a aussi fait remarquer que les éléments terroristes continuent à adopter plusieurs stratégies tout en utilisant des voies terrestres différentes pour pouvoir se déplacer facilement entre les pays. « Les terroristes de retour de Syrie s’ingénient à emprunter de nouvelles voies pour pouvoir rejoindre leur pays d’origine », a dit Zramdini avant de préciser que « la stratégie de ces derniers reposent sur le déplacement à travers la Turquie, puis l’Italie avant de rejoindre le Maghreb dont la Tunisie, connue par sa proximité géographique ».
La déclaration de l’expert est à rapprocher de celle de sources militaires algériennes qui ont indiqué qu’environ 6 mille terroristes tunisiens ayant participé à la guerre en Syrie se trouvent actuellement sur le sol italien.
Ces derniers ont déjà l’intention de retourner en Tunisie, selon la même source qui n’a pas manqué de mettre en garde contre le retour de ces combattants notamment dans ce climat particulier marqué par l’escalade de la violence, la montée du terrorisme ainsi que la complexité de la crise libyenne.
Qu’en est-il du contrôle des postes frontaliers ?
Sur question, l’ex-colonel de la Garde Nationale et expert en sécurité a plaidé pour l’amélioration des systèmes de renseignement adoptés par l’ensemble des pays visés. « Compte tenu de l’organisation propre à ces groupes terroristes, les pays menacés sont appelés aujourd’hui à échanger les informations et les données relatives à ces éléments pour pouvoir agir immédiatement ».
Ali Zramdini a aussi exhorté les autorités à renforcer le contrôle particulièrement au niveau des points de passage terrestres et frontaliers entre les pays. « Avec l’escalade de la violence, il ne faut pas se concentrer sur le contrôle aérien ou maritime », a-t-il souligné. Le contrôle terrestre, considéré comme une voie principale pour les terroristes, demeure de plus en plus une nécessité, selon l’expert.
Le renforcement du contrôle est donc une urgence d’autant que plusieurs dirigeants appartenant à différentes organisations continuent de se mobiliser de manière « suspecte » sur le territoire libyen et ce, notamment avec le retour d’un grand nombre combattants de la Syrie, selon le journal algérien « Achourouk ».
Wiem Thebti
