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La Tunisie au bord de longues années de récession à cause de la Libye et de la compensation !

Mauvaise, chaotique, catastrophique… les qualificatifs ne sont pas rares pour désigner la situation actuelle en Libye. Des aéroports fermés, plusieurs millions de litres de carburant partis en fumée, des réservoirs de carburants en proie aux flammes , des tirs réguliers et des ambassades qui quittent le territoire à la hâte. La situation est devenue ostensiblement hors de tout contrôle au point que le ministre tunisien des Affaires étrangères, Mongi Hamdi a évoqué la possibilité de fermer les frontières avec la Libye. Une déclaration qui soulève bien des interrogations. Est-ce la bonne décision ? Quel effet sur l’économie nationale ? Et comment peut-on gérer la situation ?

Mohsen Hassan, expert économique, a rappelé, dans une déclaration à Africanmanager, que la Libye est le premier partenaire commercial stratégique au niveau arabe et que la dégradation de la situation ne peut pas passer inaperçue et sans effets sur la Tunisie, soulignant que la dégradation de la situation en Libye sera dramatique pour la Tunisie et va générer des problèmes énormes pour notre pays sachant que plus de 1300 PME tunisiennes réalisent un important chiffre d’affaires en Libye. Or, avec la situation sécuritaire chaotique dans ce pays, les exportations tunisiennes vont plonger et le déficit de la balance commerciale et celui de la balance de paiement vont se creuser encore plus.

Il a fait remarquer aussi que la situation en Libye risque de retarder la reprise et de placer la Tunisie à la périphérie de longues années de récession surtout que le taux de croissance attendu pour 2015, à savoir 3,5%, ne sera pas très intéressant pour la Tunisie.

Il a précisé, en outre, que l’arrivée en masse des Libyens va alourdir les charges de la subvention et va causer encore plus de pressions sur la caisse de compensation, sachant que les Libyens vont s’approvisionner au même prix que le Tunisien et vont aussi bénéficier de la subvention alors que le pouvoir d’achat du Tunisien et du Libyen n’est pas le même, a-t-il dit. Imaginons alors la situation de la Tunisie avec les nouveaux arrivés qui vont fuir la Libye et qui vont s’ajouter aux 2 millions de Libyens qui sont déjà installés en Tunisie, s’est-il exclamé.

Mohsen Hassan a évoqué, également, la poursuite de la dépréciation du dinar par rapport à l’euro et au dollar et ses répercussions sur les recettes en devises.

La situation en Libye présente aussi un risque pour les investisseurs tunisiens établis en Libye à l’instar de Poulina, estimant le nombre des Tunisiens qui vont revenir de Libye à plus de 200 mille.

Cela aura, également, selon lui, un impact indirect sur le climat des affaires en Tunisie sachant que nombre d’investisseurs étrangers perçoivent la situation sécuritaire en Tunisie à l’aune de celle prévalant en Libye, ce qui risque d’impacter la Tunisie qui ne sera plus la destination favorite des investisseurs étrangers eu égard à ce qui se passe chez son voisin libyenne.

S’agissant du secteur touristique, Mohsen Hassan a indiqué que les tours opérateurs considèrent que le risque en Tunisie est encore élevé à cause de sa proximité avec ce pays.

Avec la dégradation de la situation en Libye, la Tunisie risque aussi, selon lui, de devenir un « foyer d’hébergement » pour les terroristes en fuite et une plaque tournante beaucoup plus importante pour le trafic de drogue et des armes.

Aussi a-t-il affirmé partager entièrement la préconisation du ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi de fermer les frontières avec la Libye : « Il faut penser à la sécurité, à la stabilité et ne pas refaire les mêmes erreurs de 2011. On est obligé de fermer nos frontières », a-t-il dit, estimant que l’arrivée de 200 mille Tunisiens en provenance de Libye va accentuer le problème du chômage en Tunisie.

Mohsen Hassan a indiqué, cependant, que la fermeture des frontières avec la Libye risque de poser énormément de problèmes notamment chez une bonne partie du Sud tunisien vivant du marché parallèle dont principalement les jeunes : « Il faut s’attendre à des problèmes de ce genre », a-t-il averti, appelant à prendre au sérieux de telles problématiques.

Il a appelé, à ce propos, à chercher de nouveaux marchés et à trouver un nouveau débouché pour les exportations tunisiennes, principalement le marché algérien.

Il a recommandé aussi à encourager la main d’œuvre de retour de Libye à créer des micro- projets et à les aider à s’intégrer dans le tissu économique de la Tunisie. L’Utica doit, dans ce cadre, soutenir les PME qui exportent sur le marché libyen, selon ses dires.

Au niveau du tourisme, il a appelé le ministère concerné à bien communiquer et à expliquer que la Tunisie est entre les mains des seuls Tunisiens et n’a aucun rapport avec ce qui se passe chez son voisin.

Khadija Taboubi

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