Les experts économiques, très attentifs aux mesures économiques prises fréquemment par le gouvernement de Mehdi Jomaâ, n’en finissent pas de les disséquer.
Fethi Nouri, analyste économique, nous a précisé que le gouvernement de Mehdi Jomaâ, depuis qu’il a pris ses fonctions à la tête du pouvoir exécutif, a mis en place plusieurs mesures très courageuses touchant directement le citoyen. Il a relevé à ce propos la décision relative à la suppression des bons d’essence et des voitures de fonction, la levée de la subvention sur les grandes entreprises, la fermeture des mosquées qui échappent au contrôle de l’Etat, et plus récemment l’instauration, au titre du projet de la loi des finances complémentaire 2014, d’un nouveau timbre fiscal d’une valeur de 30 dinars sur le contrat de mariage.
Il a fait remarquer, cependant, que bien que ces mesures n’aient pas l’heur de produire un grand impact en termes d’économies budgétaires, elles n’en permettraient pas moins d’alléger le déficit et de collecter le maximum de fonds, estimant que « la plus belle fille au monde ne peut pas donner plus qu’elle a ». Selon lui, le gouvernement de Jomaâ a hérité d’un déficit très lourd légué par l’ancien gouvernement, expliquant qu’on ne peut pas redresser l’économie en l’espace de six mois et que les résultats des réformes structurelles prennent du temps et ne pourraient pas être envisageables qu’à long terme.
Fethi Nouri a appelé, à ce propos, les partis politiques et ceux jouissant de privilèges à rompre avec la démagogie et encore plus avec le slogan : « Ne touche pas à mes subventions…Ne touche pas à mon salaire…Ne touche pas à mes intérêts.. », soulignant que le système en Tunisie est basé sur des privilèges dont on doit se débarrasser.
Il a reconnu, toutefois, que l’équipe gouvernementale de Mehdi aurait pu faire mieux notamment au niveau des grands dossiers, particulièrement en ce qui concerne l’orientation et le ciblage de la subvention, le marché parallèle et le terrorisme.
Evoquant la reprise, Fethi Nouri a indiqué que l’année 2014 sera caractérisée par un retour timide avec une croissance molle à la lumière des déséquilibres économiques globaux, soulignant, cependant, qu’un taux de croissance de 3 ou 3,5% est à la portée de l’économie nationale en 2014. Il faut seulement, selon lui, sauver le secteur des services, basé principalement sur la saison touristique et le transport. Le secteur agricole peut également participer à la reprise pour aller jusqu’à plus de 10% du PIB contre -4% en 2013, selon ses dires.
Quant à Ezzedine Saidane, expert économique et financier, il nous a précisé que la première caractéristique du gouvernement de Jomâa est qu’il est un gouvernement indépendant, composé de compétences et de technocrates mais qui n’est pas concerné par les prochaines élections. Il est aussi, selon lui, un gouvernement issu du Dialogue national suite au blocage de la situation économique du pays. C’est aussi un gouvernement qui est appelé à prendre toutes les mesures nécessaires mêmes si elles sont douloureuses.
Il a fait remarquer en outre que le gouvernement de Jomaâ est le seul qui soit capable de sortir le pays de la crise et s’atteler aux grands dossiers dont le dossier sécuritaire.
En revanche, il a reconnu que le gouvernement de Jomaâ avait aussi une marge de manœuvre extrêmement limitée sur le plan sécuritaire et économique, deux domaines qui étaient et demeurent extrêmement difficiles, selon ses dires. A cela s’ajoute le dossier des finances publiques, soulignant toutefois, qu’en dépit de tout cela, le gouvernement a réussi à rétablir la confiance dans le processus démocratique et dans le pays d’une manière générale, comme en témoigne le déblocage des crédits par certains pays étrangers.
Il a rappelé les visites de Mehdi Jomâa à l’étranger qui ont été, selon lui, très fructueuses et ont marqué un point positif à l’étranger, particulièrement sa visite aux Etats-Unis.
Sur un autre volet, l’expert économique a qualifié les décisions prises par Mehdi jomâa de courageuses et d’audacieuses notamment sur le plan sécuritaire et économique caractérisé par l’instabilité et la montée des problèmes sociaux : « Le bilan du gouvernement de Jomaâ est très bon. Malgré certaines insuffisances, il est en train de conduire le pays vers les élections », a indiqué Saidane, estimant que la réussite du processus électoral va sortir le pays de la crise et de la transition douloureuse qui a coûté cher à la Tunisie sur le plan tant économique que sécuritaire.
Les priorités du gouvernement de Jomaâ seraient, selon lui, le dossier sécuritaire et la préparation des élections dans un contexte économique soutenable et un rythme de croissance modeste, selon ce qu’il nous a déclaré.
Khadija Taboubi
