AccueilLa UNELibye : Les Islamistes alignent déboires électoraux et victoires sur le terrain

Libye : Les Islamistes alignent déboires électoraux et victoires sur le terrain

Le Haut Commissariat National Indépendant pour les élections en Libye (l’équivalent local de notre ISIE) vient de publier les résultats du scrutin législatif organisé en juin dernier. Deux nouveaux développements sont à relever: le premier porte sur l’échec cuisant des islamistes qui n’ont recueilli que 23 sièges sur les 188 pourvus; le second a trait à la montée des fédéralistes qui accèdent pour la première fois au Parlement, laissant prévoir qu’ils mèneront une intense activité et au grand jour, ce qui leur permettra, selon plusieurs observateurs, à agir au niveau des instances du Congrès National Général, en vue de façonner le futur édifice institutionnel libyen.

Pour pallier au score médiocre de la mouvance islamiste aux élections qui est, par ailleurs, sur tous les fronts militaires partout dans le pays, il est en train d’émerger, selon des informations relayées en Libye et dans la région, un scénario semblable à celui de juillet 2012 ayant abouti au bouleversement des résultats des élections qui n’avaient donné à l’époque que 17 sièges (sur 200) au parti de la Justice et de la Construction (Frères musulmans) de Ali Sallabi. Et malgré cet échec, des tractations ont eu lieu sous la houlette des Frères musulmans tunisiens, égyptiens et du Qatar, amenant beaucoup de députés élus à l’enseigne de l’Indépendance ou du tribalisme à rejoindre le groupe islamiste qui est devenu, à cet effet, la formation la plus importante.

Les vainqueurs du dernier scrutin, sont les libéraux, les modernistes comme au cours des élections de 2012, auxquels il faut ajouter les fédéralistes. Mais des informations indiquent que Ali Sallabi s’emploie, déjà , avec les dirigeants du Qatar, à négocier avec les Indépendants pour les convertir à la cause islamiste et élargir le groupe parlementaire du parti de la Justice et de la Construction, préfigurant un renversement de situation comme cela a été le cas en 2012 .

A cette époque, l’essentiel pour les Frères musulmans dans la région, était de ne pas voir la Libye, qui a beaucoup de moyens financiers et un arsenal servant à l’affermissement des nouvelles réalités du printemps arabe, passer aux mains des libéraux de Mahmoud Jibril , principal gagnant du scrutin, qui prône un autre projet de société et pourrait bénéficier de la manne pétrolière pour le mettre en œuvre . Mais maintenant, la donne a changé. Et bien que les structures des Etats modernes ne comptent pas beaucoup dans le dispositif islamiste, modérés compris, les acquis de la période précédente doivent être maintenus à n’importe quel prix. D’ailleurs, les connaisseurs proches du dossier indiquent que les montants proposés pour soudoyer les députés indépendants atteindraient le double de ceux de 2012.

Les développements de la situation sur le terrain et dans les coulisses politiques font apparaître une violence aveugle, entre factions révolutionnaires, un renforcement des groupes djihadistes, un vide institutionnel et une confusion politique, éléments qui donnent à ce scrutin législatif une portée toute relative, laissant penser que le pays ne devra pas son salut à de semblables initiatives politiques.

L’issue militaire paraît, elle, très improbable à brève échéance. Les combats de l’aéroport opposant la coalition des brigades islamistes originaires de Misrata, à celles de Zenten , et les dégâts causés aux biens et équipements de l’aéroport , ont ajouté à la confusion déjà perceptible dans tout le pays . La campagne de Khalifa Haftar , pourtant bien ciblée et au timing bien choisi, n’est pas en train de bousculer la donne , surtout que ce vieux militaire a évité, dès l’abord, de faire office d’opposant aux institutions de l’Etat . Parallèlement, les groupes terroristes, forts de leurs acquis au Moyen-Orient, et dopés par une ambiance locale très favorable, ont eu le temps non seulement de reprendre l’initiative, mais de préparer une contre offensive stratégique à l’échelle maghrébine. Ce qui a poussé les autorités à solliciter une intervention étrangère. D’ailleurs, l’état-major général libyen , qui qualifie les affrontements de Benghazi et de Tripoli d’absurdes, indique que cette situation expose le pays à la possibilité d’une intervention extérieure qui risque d’accélérer l’effondrement de l’Etat.

Le ministre égyptien des Affaires Etrangères a exprimé dans une interview accordée à Al Arabiya, son inquiétude devant le risque de division du pays.

Par ailleurs, la communauté internationale, impliquée dès le début dans le conflit, émet des réserves sérieuses au sujet d’une intervention de grande envergure, en Libye, au motif qu’il n’ya pas d’autorité élue gouvernant le pays. Mais les dernières informations font état de consultations avancées entre les Etats-Unis et l’Union Européenne pour former une force multinationale de maintien de la paix qui étendra son contrôle aux grandes villes libyennes.

Aboussaoud Hmidi

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