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Le président de la FTAV à Africanmanager : « Nul ne détient une baguette magique pour résoudre les problématiques »

Le président de la Fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV), Mohamed Ali Toumi, a accordé à Africanmanager une interview dans laquelle il a reconnu que le premier semestre de cette année en termes d’entrées touristiques a été mauvais et que le mois de juillet l’est tout autant, soulignant, dans le même ordre d’idées que personne ne détient la baguette magique pour résoudre les problématiques du moment notamment celles liées du terrorisme.

Mohamed Ali Toumi a évoqué, en outre, les difficultés auxquelles font face les agences de voyages de la région du Sud-ouest où les zones frontalières avec l’Algérie ont été décrétées zones rouges par les chancelleries occidentales et déconseillées aux touristes. Interview :

Quel est l’état des lieux du secteur touristique tunisien ?

Les derniers chiffres officiels confirment nos craintes : le premier semestre de l’année a été mauvais et le mois de juillet l’est également. Il fut un temps où les mois de juillet et août affichaient complet en Tunisie et, pour avoir une chambre d’hôtel, c’était le parcours du combattant. Nos agences de voyages, à cette époque de l’année, tournaient à plein régime. Actuellement, il est désolant de voir qu’une partie de nos bus et nos 4X4 sont au garage. Les raisons de cette situation, vous les connaissez : il s’agit des problèmes sécuritaires très graves qui sont totalement incompatibles avec l’industrie touristique. Il y a également le problème environnemental qui touche toutes les régions mais plus encore l’île de Djerba qui offre un spectacle désolant au niveau des ordures et des détritus. Et il faut également reconnaître que les touristes se plaignent d’une baisse de la qualité des services d’année en année. Le mois de Ramadan a également impacté les arrivées touristiques, notamment celles des Algériens, des Libyens mais aussi les nuitées des Tunisiens dans les hôtels. Nous espérons toutefois une belle reprise au mois d’août, mais cela ne sera pas suffisant pour compenser le manque à gagner enregistré par le tourisme tunisien cette année et les trois précédentes années.

Quelles sont les difficultés actuelles des agences de voyage et du secteur en général ?

Notre principal souci concerne la situation des agences de voyages de la région du Zud-ouest. Comme vous le savez, les zones frontalières avec l’Algérie ont été décrétées zones rouges par les chancelleries occidentales et déconseillées aux touristes. Cela constitue un coup très dur pour ceux qui vivent du tourisme dans cette région. Ce sont des familles entières qui ne peuvent plus compter sur cette ressource qu’est le tourisme. La situation financière des agences de voyages est, pour beaucoup, dramatique. Dans le projet de loi de finances complémentaire actuellement en débat à l’ANC, il est stipulé que l’Etat va prendre en charge les arriérés de la CNSS des agences de voyages des gouvernorats de Kébili et de Tozeur sur la période 1999-2008. Cela ne résoudra évidemment pas tous les problèmes mais permettra d’atténuer la pression sur les entreprises qui en bénéficieront. J’espère sincèrement que le projet sera voté car les agences de cette région ont véritablement besoin d’être soutenues face à la crise touristique qui sévit dans la région. Les agences MICE, spécialisées dans le tourisme de congrès et les inventives, sont également en situation précaire car les entreprises européennes rechignent de plus en plus à choisir la Tunisie pour leurs événements. Il fut un temps où le Sud était leur destination privilégiée. Les choses ont bien changé, et c’est pour cette raison que nous appelons nos adhérents, à chacune de nos réunions, à évoluer, à faire avancer leur profession, à avoir recours aux nouvelles technologies, à diversifier leurs activités afin de dépasser les écueils actuels.

Vous avez rejeté le projet d’une société de gestion d’actifs, quelles seront alors vos propositions ?

Nous ne sommes pas contre l’idée de créer une société de gestion d’actifs mais nous sommes contre la manière avec laquelle elle a été proposée. Nous sommes d’ailleurs sur la même longueur d’ondes avec nos collègues de la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie sur ce sujet quoique les agences de voyages soient moins concernées (en nombre) que les hôtels. Ceci étant, il est aberrant de constater que ce projet donne à la société de gestion d’actifs les pleins pouvoirs. Imaginez qu’elle aura la latitude de confisquer une entreprise sans que son propriétaire ne puisse avoir de recours légal. Autrement dit, la société de gestion d’actifs outrepasse le pouvoir de la justice, ce qui est tout simplement inconstitutionnel.

Comment jugez-vous le rendement d’Amel Karboul ?

Madame Karboul a reçu il y a quelques jours le nouveau conseil d’administration de la FTAV qui a été élu début juillet. Nous lui avons exposé les problèmes de notre secteur dans le détail. Elle a été très attentive à nos soucis qui sont étroitement liés à ceux de son département. Nous lui avons soumis un certain nombre de requêtes et de recommandations susceptibles d’avoir des retombées positives sur tout le tourisme tunisien. Je ne me permettrais pas de juger la personne en tant que telle, elle bénéficie de la confiance du chef du gouvernement, mais tout le monde sait aussi qu’au regard de la conjoncture qui prévaut dans notre pays, sa tâche est extrêmement difficile. On ne peut pas exiger d’un ministère de redresser la barre d’un secteur quand celui-ci est lié à d’autres paramètres extérieurs. Nul ne détient une baguette magique pour résoudre les problématiques du moment et notamment le terrorisme.

Quel effet de la dernière attaque terroriste sur le tourisme ?

Tout d’abord, et au nom de la FTAV et de tous ses adhérents, nous nous inclinons à la mémoire de nos vaillants militaires tombés en défendant la patrie. Nous dénonçons avec véhémence cet acte lâche et barbare. Tourisme et terrorisme sont inconciliables. Nous ne pouvons pas prétendre être une destination touristique de premier plan tant que nous n’aurons pas éradiqué ce fléau. C’est de la responsabilité non seulement du gouvernement mais aussi de la société civile, des organisations patronales comme la nôtre et même celle du simple citoyen. Nous restons malgré tout optimistes car nous sommes convaincus que la Tunisie restera toujours une terre de tolérance. J’ose espérer qu’il s’agit d’une mauvaise période à passer et j’ai pleine confiance en notre pays et en nos compatriotes.

Khadija Taboubi

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