AccueilLa UNETunis-Protection policière des personnes menacées : Une hémorragie des deniers publics

Tunis-Protection policière des personnes menacées : Une hémorragie des deniers publics

La protection sécuritaire des personnalités nationales ainsi que leurs familles coûtent à l’Etat environ 8 millions de dinars par mois, rapporte le quotidien « Achourouk ».

Ce chiffre « exorbitant » s’explique, selon la même source, par l’évolution du nombre des personnes menacées qui tourne actuellement autour de la cinquantaine sans oublier la liste d’attente regroupant des dizaines des personnes.

Le nombre s’est accru ces derniers temps et demeure de plus en plus préoccupant notamment avec le dernier avertissement adressé à Mohamed Chafik Zarguine, président de la Commission de l’énergie et des secteurs de production à l’Assemblée nationale constituante(ANC).

Il n’en demeure pas moins que la garantie d’une protection sécuritaire sera attribuée selon le degré des menaces en offrant une «protection rapprochée » à ceux menacés de liquidation physique, ont indiqué des sources sécuritaires sous couvert d’anonymat. Ceci passerait également par l’extension de l’opération sur le plan géographique tout en mobilisant une batterie de moyens.

Un coût élevé pour une économie en berne

Pour Fethi Nouri, expert en économie, le montant de 8MD/mois est un chiffre exorbitant pour une économie déjà en berne dont les indicateurs clignotent au rouge. « La protection d’une cinquantaine des personnes nous coûte environ 8 millions. C’est illogique dans la conjoncture actuelle où le pays a besoin de ses ressources pour relancer l’activité économique », a-t-il dit avant d’ajouter que « c’est la facture du terrorisme qui a réussi à prendre de l’ampleur dans un pays qui s’est trouvé dans l’obligation de lutter contre ce phénomène avec des moyens limités au lieu de se concentrer sur la réhabilitation des agents sécuritaires et surtout de mieux répondre aux revendications des Tunisiens en matière d’emploi et de développement ».

Le chiffre est inquiétant nécessitant la révision de la politique menée, selon l’expert qui s’est interrogé sur la fiabilité de la liste dévoilée par le ministère de l’Intérieur alors que le nombre des personnes « bénéficiaires » n’a de cesse de faire polémique.

Une liste à réviser

Habib Rachdi, secrétaire général du Syndicat général des prisons a, de son côté, jugé utile de réviser la liste établie par le ministère de l’Intérieur afin de déterminer le nombre exact des politiciens et journalistes ciblés surtout que la protection est assurée par le ministère de l’intérieur qui continue à fournir les moyens humains et logistiques pour l’accomplissement de cette mission.

« Plusieurs figures politiques prétendent qu’elles font l’objet de menaces de mort et ce dans le dessein inavoué d’accéder à la célébrité », a-t-il noté soulignant qu’il est impossible de répondre à toutes les demandes. Dans un entretien avec Africanmanager, il a estimé que l’élargissement de la protection policière ne pourrait qu’affecter les efforts des agents de la sécurité et ce faisant accroître l’enveloppe allouée à cette mission.

Outre la révision de ladite liste, Rachdi a proposé qu’il soit fait recours à des sociétés privées pour satisfaire les demandes adressées à la présidence de la République et principalement la direction de la sécurité présidentielle, sollicitant une protection sécuritaire.

Les partis politiques sont appelés aussi à contribuer à cette mission en mettant à la disposition de leurs dirigeants les moyens nécessaires de nature à garantir leur sécurité, a-t-il aussi suggéré estimant illogique de protéger un nombre indéterminé de personnes menacées dans un pays qui compte plus de 190 partis politiques.

Il est à noter que le nombre des personnes menacées dépasserait les 200, en l’absence de données officielles.

Parmi les personnes menacées, on cite Houcine Abassi Sg de l’UGTT, Rached Ghannouchi président d’Ennahdha, Béji Caïd Essebssi, président de Nidaa Tounes, Hamma Hammami porte- parole du Front Populaire, Ali et Ameur Laareydh. S’y ajoutent des journalistes comme Naoufel Ouertani, Sofiene Ben Hmida ainsi que des composantes de la société civile à l’instar de l’activiste Lina Ben Mhenni, Bochra Ben Haj Hmida, Kelthoum Kennou.

Des agents sécuritaires mal traités

Malgré la complexité de cette mission et les efforts déployés afin d’assurer la protection de l’ensemble des politiciens ciblés, nous apprenons de diverses sources que plusieurs agents de la sécurité affectés à la protection des personnes menacées n’ont pas droit à un traitement à la hauteur de la tâche qui leur incombe. Souvent, les « bénéficiaires » font preuve de négligence, d’incurie et d’impertinence à l’endroit de ceux qui se dépensent à veiller à leur sécurité de longues heures durant, de jour comme de nuit.

Wiem Thebti

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