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Tunis: Après le refus général de l’idée d’un Président «consensuel», l’heure est à la nuance

Entre jeudi 19 juin et mardi 24 juin 2014, Ettakattol a fait un revirement à180 degrés au sujet de la proposition d’Ennahdha d’engager des concertations pour choisir un candidat consensuel au prochain scrutin présidentiel.

Le porte-parole du parti, Mohamed Bennour, s’est fendu d’une déclaration, jeudi, à l’Agence TAP indiquant que « cette proposition est contraire aux principes démocratiques, et que le choix du futur président de la République doit se faire à travers un scrutin libre et transparent ».

Mais le secrétaire général d’Ettakattol, Mustapha Ben Jaâfar a surpris tout le monde jusques et y compris les observateurs en déclarant, dans une interview accordée, mardi, à Asharq Al Awsat , journal arabe basé à Londres, qu’il serait heureux d’être choisi comme candidat consensuel aux prochaines élections présidentielles, relevant , au passage, que la proposition d’Ennahdha est en soi un élément positif et administre la preuve que le parti islamiste, toujours dominant, a évolué en réalisant , finalement, les difficultés dans la gestion des affaires de l’Etat.

Un simple parallèle entre cette position et celle du parti Al Joumhouri qui a rejeté la proposition d’Ennahdha par la voix de son porte-parole, Issam Chebbi, mais maintenu le cap, en réitérant cette position jusqu’à aujourd’hui, indique que les deux formations politiques sont dans des situations bien différentes.

Le revirement opéré par Ettakattol, s’apparente, plutôt, à un retour à la raison, et s’explique par la faiblesse du parti qui s’est vite aperçu qu’il a un électorat très réduit, et une petite marge de manœuvre dans la recherche d’alliances sérieuses au-delà de la troïka. Par contre, Al Joumhouri se sent en meilleure posture. D’ailleurs, l’argumentaire pour expliquer son rejet de la proposition d’Ennahdha se présentait comme un défi vis-à-vis du parti islamiste. Issam Chebbi a parlé de la proposition comme d’une manœuvre visant à « limiter le rôle du futur président » afin qu’il demeure « l’otage des partis politiques », insinuant par là que le parti islamiste cherche à maintenir son hégémonie et confirmer son choix d’un système politique parlementaire de bon aloi. De plus, des données indiquent qu’Al Joumhouri est en train de se dépenser pour rassembler une large coalition centriste dont les contours ne sont toujours pas définis, mais un premier élément est déjà en place. Il s’agit pour Al Joumhouri, qui a le plus souffert ces deux dernières années de plusieurs dissensions, de récupérer les premiers dissidents du Front Populaire(FP), qui ne sont autres que Tahar Chagrouch et Mohamed Ftati , deux anciens détenus politiques des années 1970 de Perspectives-Al Amel Tounsi qui ont crié tout haut leur mécontentement du climat interne du FP et du mauvais traitement qu’il réserve aux Indépendants qui se sont illustrés lors de la formation du FP depuis mi-2012 jusqu’à sa constitution en automne de la même année .Ces deux militants affirment parler au nom d’une large frange des Indépendants au sein du FP qui ne se retrouvent plus dans les nouvelles équations pré-électorales de cette alliance de gauche, et affichent leur volonté de rejoindre le regroupement centriste dans lequel s’investissent Al Joumhouri et son leader.

Le chef du haut comité politique d’al-Joumhouri, Ahmed Nejib Chebbi a exprimé son refus de la proposition d’Ennahdha, mais s’est employé, depuis jeudi 19 juin, à expliquer aux médias ses vues qui dépassent largement la conjoncture pour se projeter dans un avenir débordant les 6 mois qui nous séparent de l’échéance présidentielle. Entre jeudi 19 et dimanche22 juin, Néjib Chebbi a fait trois déclarations à Shems FM, le journal « Le Maghreb » et Telvza TV , dans lesquelles il a échafaudé une vision politique globale .

Tout en admettant le droit d’Ennahdha de réfléchir aux critères du choix du candidat aux présidentielles, et de présenter un candidat parmi les siens ou d’ailleurs, Néjib Chebbi a souligné que la règle en démocratie est la compétition.

Chebbi a indiqué qu’un candidat ne peut pas être à la fois partisan et consensuel et rappelé qu’en démocratie, l’opération ne peut pas se jouer entre les partis politiques,mais à travers les urnes, avant d’affirmer que le prochain président devra être élu de manière libre et directe et non pas choisi de manière consensuelle .

Et reprenant une leçon de l’histoire récente du pays, il soutient de manière claire: » On a commis une erreur en 1989 lorsqu’on s’est mis d’accord sur un candidat consensuel, en l’occurrence Ben Ali, et souhaite vivement que cette erreur ne se reproduise pas.

Chebbi a tenu à préciser qu’au cas où il présenterait sa candidature à la présidentielle, il le fera au nom d’Al Joumhouri et selon son programme et sa vision, et tout parti voulant le soutenir est tenu de le faire sur cette base.

Il souligne, toutefois, que chaque formation politique peut aller avec ses propres listes aux élections, qui serviraient de jauge du poids réel de chacune d’elles, mais elles doivent s’engager à se rassembler au sein d’un front commun après le scrutin. Profitant de l’occasion, le leader d’Al Joumhouri, a lancé un appel à toutes les forces démocratiques du Centre pour s’engager dans une coalition après les élections à l’effet de former une force politique homogène et solidaire.

Le schéma de Néjib Chebbi est bien affiné, mais est-ce que les partenaires sur lesquels il compte seront au rendez-vous pour s’unir autour de lui dans une coalition du Centre viable et efficace ? Faute de quoi, il aurait fait un saut dans le vide , au moment où Mustapha Ben Jaâfar opère un retour à la raison.

Aboussaoud Hmidi

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