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Le djihad se dote d’énormes moyens financiers et humains et s’installe au Maghreb

Le projet de Daech (l’Etat Islamique en Irak et au levant-EIIL) de prendre pied au Maghreb sous un label local (Dames-l’Etat Islamique du Maghreb Islamique/EIMI) et d’installer sa direction en Algérie en utilisant le territoire tunisien comme couloir de passage, a été révélé, depuis des semaines, mais 3 nouveaux éléments survenus, ces derniers jours, confèrent à ce projet une portée inédite.

D’abord, Daech vient de mettre la main sur plusieurs provinces de l’Ouest et du Nord de l’Irak. L’exploit le plus spectaculaire était illustré, mardi, par sa mainmise sur Mossoul, la deuxième ville de l’Irak avec deux millions d’habitants, Kirkouk, et, mercredi matin, Takrit. Les deux premières provinces sont riches en pétrole et s’ajoutent à ceux déjà sous son contrôle à l’Est de la Syrie, comportant puits de pétrole et installations de raffinage.

Les djihadistes de Daech, qui n’ont pas trouvé de résistance de la part de l’armée et des forces de sécurité du Premier Ministre Nouri al-Maliki, sont en train de provoquer de grands chambardements géopolitiques dans la région , faisant de ces développements la plus importante percée des djihadistes de Daech, depuis leur mainmise, à partir de janvier 2014, sur la ville de Fallouja et le renforcement de leur emprise sur l’Est syrien.

Le deuxième élément a trait à une réunion présidée, lundi 9 juin 2014, par le Général Ahmed Boustila , commandant de la Gendarmerie algérienne, groupant les commandants des unités régionales du corps paramilitaire algérien. Au cours de la réunion, Boustila a émis des recommandations pour veiller à la surveillance des frontières avec la Tunisie, la Libye et le Niger et éviter toute infiltration djihadiste en territoire algérien.

Le Général Ahmed Boustila a fait état, au cours de la réunion, du déplacement de détachements entiers affiliés à Al Qaeda et autres djihadistes, du Nord-Mali et leur fusion au Sud-Ouest libyen avec des groupes de Tunisiens venant d’Irak, de Syrie et du Nord-Mali.

Le Général Boustila, a également fait état , selon le journal algérien Achourouk, d’informations indiquant que Daech veut disposer d’une présence et d’un commandement en Algérie en utilisant la Tunisie comme couloir de passage de combattants et d’acheminement d’armes .

Le troisième élément se rapporte aux luttes entre factions terroristes dans la région. Le djihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar a juré, dans un communiqué mis en ligne, mercredi 30/4/2014, sur des sites islamistes, fidélité au chef d’Al-Qaeda, Ayman Zawahiri. Vantant la clairvoyance de cheikh Zawahiri, il réitère sa confiance dans le successeur de Ben Laden, et son engagement en faveur de son approche et ses orientations, » car nous sommes convaincus de la justesse de son approche « , affirme-t-il à l’endroit de son émir, qui a été désavoué par Daech, l’accusant d’avoir changé d’idéologie. Mi-avril 2014, Zawahiri dément ces accusations, dans une déclaration audio, et proclame le groupe rival le Front Nosra, comme la branche officielle d’Al-Qaeda en Syrie, désavouant clairement Daech.

Le différend entre Zaouhiri et Daech a éclaté, fin 2013, lorsque Zawahiri a accusé ce groupe de violences contre des civils et des rebelles rivaux, lui ordonnant de restreindre ses activités à l’Irak.

Pour sa part, Mokhtar Belmokhtar, qui a créé son propre mouvement,  » Les Signataires par le sang « , et revendiqué la prise d’otage à Ain Aminas, en janvier 2013, est entré en août 2013 en concurrence avec AQMI (Al Qaeda dans le Maghreb Islamique) après en avoir claqué la porte, dix mois plus tôt. Belmokhtar, surnommé Marlboro, était, des années durant, le principal fournisseur en armes de la filiale d’al-Qaeda (AQMI), mais ses relations étaient tumultueuses avec son chef Abdelmalek Droukdel.

Belmokhtar n’a jamais respecté Abdelmalek Droukdel, et des informations révèlent que Belmokhtar s’était opposé à ce que Droukdel devienne l’émir du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), l’ancêtre de l’Aqmi en 2004, et les relations entre les deux chefs se sont détériorées au fil des années.

Des observateurs vont même jusqu’à affirmer que la rupture entre Belmokhtar et AQMI, qui était le pilier de la présence djihadiste au Nord-Mali, peut s’expliquer par la connaissance de Belmokhtar à l’avance de l’imminence de l’intervention étrangère au Nord-Mali. D’ailleurs, la brigade de Belmokthar n’a pas participé activement aux combats contre les hommes de Serval.

Prenant ses distances d’AQMI, Belmokthar inscrit sa stratégie, depuis, dans le contexte des orientations d’Al Qaeda qui veut que ses représentants dans la région lancent des opérations d’envergure. Ce qui l’a motivé à planifier la prise d’otages sur le site gazier d’In Amenas, en janvier 2013, opération qui s’est soldée par la mort de trente-sept travailleurs étrangers et un Algérien.

Belmokhtar opte donc pour Zawahiri et le Front de la Nosra, Droukdal pour Daech, mais cette lutte risque de faire monter les enchères et aiguiser les appétits pour le leadership dans la région, surtout avec les moyens financiers énormes qui sont aux mains des deux camps, et des complicités dont ils bénéficient, les uns autant que les autres, dans les Etats de la région.

Aboussaoud Hmidi

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