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Tunis : « C’est totalement la faute de la Troïka », disent en chœur les économistes

Près de 70 jours sont passés depuis l’entrée en fonction de l’équipe gouvernementale de Mehdi Jomaâ, une période sans doute relativement courte pour évaluer le rendement du gouvernement, mais les chiffres très souvent alarmants et inquiétants soulèvent beaucoup d’interrogations forcément lancinantes. Où allons-nous ? Est-ce la faillite ? Nos gouvernants nous dressent un tableau sombre de l’économie nationale. Un déficit de 3,3 milliards de dinars, un taux d’inflation avoisinant le 5%, un emprunt national risqué, un déficit commercial de 3290,3MD, un taux de couverture des importations par les exportations en recul de 6,7 points…et les mauvaises nouvelles continuent d’être légion.

Selon les déclarations du chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, la Tunisie a récemment emprunté 350 milliards pour verser les salaires, et devrait encore trouver 600 millions de dinars jusqu’au mois de juillet 2014, pour pouvoir éviter un déficit probable dans les fonds alloués aux salaires et autres dépenses. Est-ce la faillite ? Mehdi Jomaâ s’est engagé à tout dire aux Tunisiens sur les difficultés financières que vit la Tunisie.

Il n’a pas caché, en outre, que l’emprunt national ne va pas résoudre les difficultés financières que vit la Tunisie.

Bien plus, dans une déclaration à la presse en marge du Forum des institutions financières arabes, tenu récemment à Tunis, Chedly Ayari a reconnu que le pays a fort à faire pour remettre la machine économique en marche. « Même si nous avions tout l’argent de Crésus (Mel Qaroun en arabe), il ne nous serait pas d’un grand bénéfice sur le long terme », a-t-il dit, ajoutant que « les Tunisiens doivent maintenant compter sur eux-mêmes et réaliser les opportunités d’investissement, et celles d’accroître la production, qu’ils ont récemment manquées. »

C’est à ce propos déjà qu’on a voulu évaluer le rendement de l’équipe gouvernementale de Mehdi Jomaâ auprès des experts économiques. Tous s’accordent à dire que le gouvernement actuel n’assume aucune responsabilité dans la détérioration de l’économie nationale et pointent du doigt la Troïka.

D’ailleurs, dans une déclaration à Africanamanager, l’ancien ministre des Finances, Houcine Dimassi a imputé la responsabilité de la dégradation de la situation économique et financière du pays à la Troïka. « Il est quasi certain que la Troïka est la seule partie qui doit assumer la première responsabilité de la détérioration de la situation financière du pays et le gouvernement de Jomaâ n’a fait qu’hériter d’un lourd fardeau», a-t-il dit.

Il a reconnu que le gouvernement de Jomaâ a affronté des situations beaucoup plus difficiles que l’on pouvait imaginer notamment au niveau des finances publiques où les projets et les hypothèses retenues dans la loi des finances 2014 se sont avérées toutes erronées surtout de point de vue des ressources (surestimation) ou s’agissant des dépenses (sous-estimation), ce qui place le gouvernement de Jomaâ devant d’énormes difficultés notamment au niveau de la balance commerciale, selon ses dires.

Houcine Dimassi a exprimé sa vive inquiétude face à la situation économique et financière du pays qui s’avère de jour en jour plus grave. « Le tissu économique est complètement en crise. Les entreprises publiques souffrent aussi de plusieurs difficultés », a-t-il dit.

Il a ajouté, à ce propos, que le gouvernement de Jomaâ est contraint de prendre des mesures qui sont graves et dangereuses pour éviter la crise, et ce au niveau des emprunts externes qui vont devenir beaucoup plus coûteux ou encore des mesures touchant directement le citoyen (majoration des prix, réduction de la subvention, recours à d’autres types d’impôts…).

L’ancien ministre des Finances ne s’est pas fait faute, au demeurant, d’appeler le gouvernement actuel à ne pas céder aux augmentations salariales, et ce pour éviter la catastrophe, a-t-il dit.

De son côté, l’économiste Hafedh Zaafrane a déclaré à Africanmanager que la faute la plus grave commise depuis la Révolution tient aux recrutements massifs et anarchiques dans la fonction publique qui ont fortement alourdi le budget de l’Etat, selon ses dires. Et d’ajouter que la Tunisie va souffrir pendant plusieurs années à cause de ces recrutements.

Khadija Taboubi

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