AccueilLa UNEL’Etat vole au secours de Tunisair, mais à quel prix!

L’Etat vole au secours de Tunisair, mais à quel prix!

Tunisair peut enfin pousser un soupir de soulagement. Son plan de sauvetage, en attente depuis plus de deux ans, a été approuvé par le gouvernement, un gouvernement visiblement plus courageux que les précédents. Après de longues hésitations, le gouvernement de Mehdi Jomaâ vole au secours de Tunisair. Lors d’un conseil ministériel tenu, jeudi 3 avril 2013, à la Kasbah, il a donné son accord pour financer le plan de restructuration de Tunisair élaboré et échafaudé par la compagnie, déjà, depuis l’année 2012. C’est une bonne nouvelle pour la compagnie aérienne nationale alors que le pays est en proie à des difficultés budgétaires sans précédent, et que les trois présidents, Ben Jaâfar, Marzouki et Jomaâ sillonnent le monde pour mobiliser des fonds afin de renflouer les caisses de l’Etat.

L’appui financier approuvé par l’équipe gouvernementale de Mehdi Jomaâ et dont on ignore toujours le montant serait colossal et aucune donnée n’a été fournie au sujet de l’enveloppe allouée à cette fin. Il n’en demeure pas moins que le ministre du Transport, Chiheb Ben Ahmed a annoncé la prise en charge de l’endettement de la société estimé à 165 millions de dinars et le versement des indemnités de départ en faveur de nombre d’agents (52MD), mais sans donner des détails sur les sources de financement, ni dire si cette opération sera financée par les ressources propres de l’Etat ou étrangères ?

En effet, pour faire face aux difficultés financières datant de la période postrévolutionnaire, dues essentiellement au contexte géopolitique du pays, Tunisair a élaboré son Plan de Redressement, depuis décembre 2012. Ce plan a été partiellement entamé début 2013 et il est, actuellement, en phase de négociation avec les partenaires sociaux dans son volet d’assainissement social qui porte sur la contribution éventuelle de l’Etat pour le financement de l’opération de départ de 1700 agents (retraite anticipée) répartie sur deux années.

D’autres mesures importantes, ayant obtenu l’accord de l’Etat, principal actionnaire de la Compagnie, n’ont pas encore été concrétisées mais restent en vigueur dont notamment l’effacement de la dette vis-à-vis de l’OACA jusqu’au 30 juin 2012 qui s’élève à 165 MD pour tout le groupe Tunisair. Il est à signaler, d’autre part, la création d’une « commission de préjudice de carrière » au sein de Tunisair portant sur les cas d’emplois supérieurs au grade, niveau scolaire et/ou diplôme obtenu non pris en considération dans la classification de l’agent.

En contrepartie, Tunisair s’engage à démarrer un plan d’étude stratégique par le biais d’un cabinet d’expertise étranger qui élaborera un scénario de rétablissement des équilibres financiers de la Compagnie, mais aussi pour le développement de ses activités, la rationalisation de ses dépenses, l’amélioration de ses services et de sa rentabilité.

Tunisair s’engage également à entamer l’exécution d’un plan concret pour améliorer ses services et notamment en ce qui concerne le respect des horaires de vols et l’amélioration des prestations aussi bien au sol qu’en vol (accueil, enregistrement, catering et transport de bagages).

Des engagements qui semblent loin d’être concrétisés pour une compagnie qui ne cesse de dégager des chiffres alarmants et inquiétants. En effet, avec plusieurs mois de retard, Tunisair vient de rendre publics ses états financiers relatifs au premier semestre de l’année 2013. Ces derniers font ressortir un accroissement du déficit qui s’est élevé à 115,701 millions de dinars au 30 juin 2013.

Le résultat d’exploitation est toujours négatif, il est passé de -56,943 MDT au 30/06/2012 à -94,602 MDT au 30/06/2013, soit une chute de 66% à cause principalement de la baisse des revenus de transport de 6% et la hausse des charges d’exploitation de 2%.

Le déficit de la compagnie s’est largement contracté et est passé de -71,894 MDT au 30 juin 2012 à -115,701 MDT au 30 juin 2013, soit un accroissement du déficit de 60,9%.

Par ailleurs, il est à signaler que si les deux gouvernements précédents, à savoir ceux de Jebali et Laârayedh avaient approuvé le plan de sauvetage annoncé par la compagnie, Tunisair ne se serait pas trouvée dans la situation peu enviable qui est la sienne actuellement.

Khadija Taboubi

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