AccueilLa UNELe SMIG augmente : Le gouvernement au pied du mur !

Le SMIG augmente : Le gouvernement au pied du mur !

Un accord de principe portant sur la révision à la hausse du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) a été conclu, mercredi, entre l’UGTT et l’UTICA. Une décision qui n’a pas trouvé grâce aux yeux de nombreux experts notamment dans un pays qui affiche encore une si modeste croissance et où les secteurs sinistrés et touchés de pleins fouet par la crise ne sont pas du petit nombre.

Alors que plusieurs experts en la matière ont tiré la sonnette d’alarme sur cette augmentation, l’UGTT signe et persiste au point d’arracher un accord de principe sur cette augmentation Dans des déclarations à la presse, Belagacen Ayari, secrétaire général adjoint de l’organisation syndicale, a réaffirmé que l’augmentation du SMIG est l’une des revendications majeures de la centrale syndicale, estimant que cette mesure doit concerner 100 mille actifs dans le pays. Un chiffre qui devra insuffler plus de dynamisme au marché local, selon ses dires.

« Echec de la trêve sociale »

Moez Labidi, expert financier est un des économistes qui s’est prononcé contre cette augmentation. Dans une déclaration à Africanmanager, il a indiqué que la révision à la hausse du SMIG a un effet négatif sur l’inflation et les entreprises tunisiennes qui se trouvent déjà face à plusieurs difficultés, indiquant que l’entrepreneur tunisien pourrait, de ce fait, être amené à répercuter la hausse des salaires sur les prix de vente.

L’expert financier conteste le fait que la hausse du SMIG pourra alimenter l’économie, expliquant que les consommateurs des catégories sociales qui vont bénéficier de cette hausse sont des habitués du secteur informel plus que du marché légal.

Dans le même ordre d’idées mais d’une manière plus agressive, Moez Labidi a reproché aux partenaires sociaux le fait de ne pas prendre en considération la gravité de la situation sociale. « La décision d’augmenter le SMIG est un indicateur avancé de l’échec de trêve sociale », a-t-il dit.

« L’heure de la réforme sérieuse n’a pas encore sonné »

L’expert a reconnu la faiblesse du gouvernement devant les partenaires syndicaux, précisant qu’avec cette décision, la Tunisie risque de retarder davantage les réformes les plus sérieuses et renforcer les déséquilibres macro-économiques au détriment de l’investissement et du développement régional.

Il a ajouté que l’heure de la réforme sociale n’a pas encore sonné et risque même d’être retardée, expliquant, cependant, que personne ne doute de la détérioration du pouvoir d’achat aujourd’hui, mais la gravité de la situation commande de traiter en priorité les urgences.

Selon lui, la hausse des salaires doit être inscrite dans une stratégie de développement y voyant une hausse injustifiée et non productive.

De son côté, l’expert économique et financier, Ezzedine Saidane nous a déclaré que la Tunisie se trouve, aujourd’hui, face à une équation très difficile, expliquant que quelle que soit la décision, il y aura certainement des parties qui seront pénalisées, ou bien l’Etat ou bien le citoyen.

« La révision à la hausse du SMIG a un coût »

Il a expliqué que la révision à la hausse du SMIG va être, d’une part, pénalisante pour les entreprises qui se trouvent déjà confrontées à de nombreuses difficultés (commercialisation, financement ou encore d’ordre sécuritaire), ou pénalisante, d’autre part, pour le citoyen qui depuis la Révolution, voit son pouvoir d’achat en nette détérioration, « mais une telle décision ne peut pas ne pas avoir un coût », selon ses dires.

Ezzedine Saidane a expliqué, en outre, que le taux d’inflation annoncé officiellement est de l’ordre de 6%, alors qu’en réalité ce taux varie réellement entre 8 ou 9%, soulignant que si cette hausse a lieu elle devra se situer au moins entre 4 ou 5%.

Par ailleurs, il est à rappeler que l’ancien ministre des Finances, Houcine Dimassi, a alerté contre la hausse des salaires. Dans une interview à Africanmanager, il a expliqué que si de nouvelles augmentations salariales ont lieu elles seront le coup de grâce pour notre économie, expliquant que, durant les trois années post-révolte 2011-2013, les dépenses de fonctionnement du budget de l’Etat se sont gonflées d’environ 8 milliards de dinars, soit 80%, alors qu’au cours de la même période, la croissance de notre PIB à prix courants n’a pas dépassé 20%.

Il a ajouté que les nouvelles augmentations de salaires ne pourraient mener qu’à l’étouffement des finances publiques et à la ruine des entreprises économiques publiques.

Khadija Taboubi

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -