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Les Tunisiens « victimes consentantes » de l’engrenage syrien

Les Tunisiens partis au djihad en Syrie renvoient, de jour en jour, l’image d’un simple rouage dans un gigantesque mécanisme infernal aux objectifs géopolitiques lointains, servant les stratégies de puissances étrangères. Les révélations qui s’accumulent nous mettent en présence d’un « jeu » de poupées russes à l’envers, qui vont s’élargissant, les petites ouvrent sur d’autres plus grandes. Chaque nouvel élément annonce une machination plus insidieuse et d’une envergure plus large, à travers laquelle percent des intérêts inavoués et des plans manigancés par les pays impliqués dans le conflit.

Le départ de ces jeunes en masse, depuis fin 2011, s’inscrivait dans l’engagement dans le conflit de l’Organisation Internationale des Frères Musulmans, surtout après la militarisation de la révolution syrienne. Ahmed Manai, chercheur et militant des droits de l’homme , a révélé, le 28 / 3 / 2013,dans une interview accordée au journal La Presse , qu’un accord régional passé, en décembre 2011, entre islamistes libyens , tunisiens et syriens , sous la houlette des autorités de Qatar ,était à l’origine de l’envoi de jeunes tunisiens en Syrie pour accélérer la militarisation de la révolution dans ce pays et la renforcer activement en y acheminant combattants tunisiens et armes libyennes.

Les Nahdhaouis ont perçu la révolution tunisienne comme le déclenchement d’un processus dont ils sont les initiateurs, menant au renversement de tous les régimes non islamistes dans la région. Ce projet a été annoncé, dès les premiers jours de la révolution, par Rached Ghannouchi qui a évoqué, le 4 février 2011, en pleine enceinte de la mosquée Ezzaytouna , « le rôle avant-gardiste de la Tunisie , voulu par Dieu ,dans la diffusion des valeurs de l’islam en Afrique et en Andalousie, vocation qui se cultive aujourd’hui dans la propagation des révolutions contre l’oppression et pour les libertés ».

Les parties impliquées dans l’envoi des jeunes en Syrie ont été interpellées, ces derniers temps, par la pagaille qui a régné dans les zones de combat menant à une guerre systématique entre factions terroristes, mais seuls les revers enregistrés, ces derniers temps, ont suscité leur intérêt et celui des observateurs.

Ces revers ont été le résultat d’évolutions stratégiques régionales et globales. D’abord, l’intervention massive de l’Iran et du Hizbullah pour appuyer le régime de Bachar Al Assad , surtout dès la bataille de Qusseyr, en mai-juin 2013 , ensuite l’engagement russe aux côtés du régime syrien après avoir été accusé d’usage d’armes chimiques, en août 2013. Les dissensions entre Saoudiens et Qataris, mentors des groupes terroristes sur le terrain, s’ajoutent au remue-ménage qui a abouti au changement des responsables en charge du dossier syrien dans les pays concernés. Tout ce processus a été couronné, en janvier 2014, par l’éclatement des combats entre l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) et Jebhet Ennosra , confirmant l’échec de l’entreprise djihadiste .Et le paroxysme a été atteint par l’initiative saoudienne de classer presque tous les acteurs qu’elle a financés et armés ( les Frères Musulmans , l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) et Jebhet Ennosra ) , comme des organisations terroristes.

Les révélations, diffusées dernièrement, sur les plans qu’auraient préparés les responsables turcs pour justifier une intervention en Syrie, ajoutent une nouvelle confusion à l’imbroglio ambiant. Les plans visaient apparemment à donner un nouveau souffle aux menées islamistes pour venir à bout du régime syrien.

La discussion fuitée implique des officiels dont Hakan Fidan, responsable du renseignement turc, Ahmet Davutoğlu, ministre des affaires étrangères, Yasar Guler, commandant en chef adjoint des forces armées. Les sites qui ont mis en ligne l’enregistrement ont affiché une grande prudence, assurant que la conversation n’est pas authentifiable à 100%.Cette carence devrait amener les autorités turques à la retenue, parce que la fuite n’a pas valeur de preuve sérieuse, mais les observateurs ont été surpris par la virulence de la réaction du gouvernement turc. Erdogan qui a qualifié le document diffusé de « scélérat  » et « immoral «, a saisi l’annonce des résultats des municipales turques pour menacer ceux qui étaient derrière cette fuite.

Le document vidéo montre les officiels turcs en train de considérer les divers scénarios leur permettant de s’impliquer encore plus activement en Syrie. L’éventail va de l’intervention indirecte en fournissant armes et munitions par les moyens propres de la Turquie ou en coordination avec le Qatar, jusqu’à l’engagement direct de forces turques sous divers prétextes. La défense de la sécurité nationale doit justifier une telle initiative, selon le commandant en chef adjoint des forces armées et le chef du renseignement, mais le ministre des Affaires étrangères n’y adhère pas totalement, invoquant des arguments à caractère diplomatique.

Le document révèle une détermination de la part des responsables turcs à provoquer une escalade avec la Syrie, et la discussion indique qu’une partie de l’opération semble déjà en marche. La publication de la vidéo devrait avoir un lien avec son imminence ou bien vise à provoquer son avortement, mais la nouvelle posture d’un Erdogan menaçant donne à penser que la décision de l’escalade est déjà prise.

Aboussaoud Hmidi

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