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Abdelmajid Mselmi à Africanmanager : « Les positions d’Al Joumhouri sont incohérentes et contradictoires…»

Abdelmajid Mselmi, membre du bureau exécutif d’Al joumhouri a accordé à Africanmanager, une interview exclusive, et ce suite aux décisions prises récemment par le comité central du parti Al Joumhouri dont principalement le boycott du Dialogue national et son retrait de l’UPT. Dans cette interview, Abdelmajid Mselmi a reconnu que les positions et les démarches de ce parti sont incohérentes et contradictoires. Il a exprimé son inquiétude quant à la décision d’Al Joumhouri de s’opposer au choix de Mehdi Jomaâ au poste de chef de gouvernement.

Abdelmajid Mselmi a critiqué, en outre, la manière avec laquelle a été votée la loi relative à la création du fonds Al Karma. Interview :

Qu’est ce que vous pensez des positions d’Al Joumhouri concernant le Dialogue national ?

La démarche du parti Al Joumhouri paraît, aux yeux de nombre d’observateurs, comme incohérente et même contradictoire. Comment boycotter le Dialogue national alors que notre parti lui apporte de toutes ses forces son soutien et considère que le consensus est la seule voie de salut de notre pays ? Comment s’opposer au choix de Mehdi jomaâ au poste de chef de gouvernement et accuser le Quartet d’avoir passé un deal avec Ennahdha alors qu’on louait, quelques jours auparavant, les efforts de l’UGTT et que l’on déclarait qu’on va soutenir le candidat proposé par le Quartet ? Comment s’entêter à soutenir la candidature d’ Ahmed Mestiri contre la volonté de nos alliés au Front de salut qui y opposent un niet catégorique alors que nous tenons à l’unité de l’opposition au sein du Front de salut ? Plusieurs observateurs ont considéré cela comme un clin d’œil en direction d’ Ennahdha.

La ligne politique d’un parti exige une certaine cohérence dans les prises de positions. Lorsque la démarche politique est déboussolée et les positions sont incohérentes voire contradictoires, précipitées et réactionnelles, le parti perd sa crédibilité auprès des militants, des citoyens et l’élite politique.

Le parti d’Al Joumhouri vient d’annoncer son retrait de l’UPT, êtes- vous d’accord avec cette décision ?

Non…je faisais partie d’une minorité au comité central qui était contre cette décision de se retirer de l’UPT. Nous avons toujours pensé que l’union des forces démocratiques est une nécessité historique pour équilibrer les forces politiques et remédier au déséquilibre politique qui est devenu flagrant après les élections du 23 octobre 2011. L’UPT est née, le 29 janvier, dans un contexte de forte tendance hégémonique de la troïka sur les rouages de l’Etat et l’usage de la violence par les LPR pour soutenir la troïka et la maintenir au pouvoir indéfiniment par la violence, et cela a été confirmé quelques jours après, le 6 février, par l’assassinat de Chokri Belaid. A cette époque, cette union des démocrates au sein de l’UPT était un message fort pour redonner confiance à la famille démocratique.

L’UPT a joué un rôle important dans la formation du Front du salut qui est en fait une alliance entre 2 fronts : l’UPT et le Front populaire. Cette alliance a permis de mobiliser des centaines de milliers de citoyens au mois d’août pour évincer le gouvernement de la troïka.

Quel avenir pour l’UPT après le retrait du parti Al Joumhouri ?

En somme, l’UPT, malgré les faiblesses et les limites, constitue un front politique des forces démocratiques qui permet d’assurer leur unité et d’équilibrer les forces contre l’alliance au pouvoir.

Quelles sont alors les vrais raisons de ce retrait ?

Les arguments présentés par la majorité du comité central, telles que la faiblesse des structures de l’UPT, l’absence d’un programme commun, l’irrégularité des activités et les divergences politiques, sont irrecevables. Ce sont des faiblesses compréhensibles pour un front qui n’est qu’à ses débuts. Par ailleurs, il est absurde de dire que l’UPT ne s’est pas transformée en un front électoral comme le souhaitent certains « joumhouris ». L’alliance électorale ne peut pas être à l’ordre du jour alors qu’on ne sait même pas la date des élections et leurs modalités.

En revanche, quitter l’UPT constitue un message négatif de dissidence et de division dans le camp démocratique alors qu’il est en pleine campagne politique pour obtenir la démission du gouvernement de la troïka. En outre, ce message peut apporter de l’eau au moulin du camp adverse et peut alimenter les soupçons sur une éventuelle alliance entre Al Joumhouri et Ennahdha.

Etes-vous avec la création du fonds El Karama pour la réhabilitation des victimes de la dictature ?

Sur le fond, tout le monde est d’accord pour indemniser moralement et matériellement les victimes de la répression et de la dictature, et ce dans le cadre de la justice transitionnelle. Le problème n’est pas là, mais plutôt dans la méthode avec laquelle a été passé ce projet dans la loi des finances 2014, après minuit et sans que les membres de l’ANC ou le ministre des Finances soient au courant.

Etes-vous pour la nomination de Mehdi Jomaâ ?

Plusieurs personnalités politiques qui ont rencontré Mehdi Jomaâ le trouve jeune, moderne indépendant et ouvert. Son expérience au sein du gouvernement n’a pas que des aspects négatifs. II est imprégné par les activités gouvernementales et sa période d’adaptation sera écourtée. Il faut donner la chance aux jeunes et rajeunir la classe politique tunisienne et cesser de croire qu’il n’ya que les ministres de Bourguiba ou ceux de Ben Ali qui savent gouverner. Mais je pense qu’il faut l’aider et surtout éviter de le mettre sous haute surveillance, comme le prônent certains partis politiques et lui tirer dessus à la première occasion. Il faut lui donner une ample latitude pour former son gouvernement et il mérite le soutien de la classe politique, les organismes syndicaux et la société civile pour permettre à ce gouvernement de réaliser les objectifs suivants : assurer la sécurité des citoyens, éradiquer la violence politique par la dissolution des LPR, assurer la neutralité de l’administration, donner un souffle à l’économie et assurer la tenue d’élections libres et démocratiques.

Khadija Taboubi

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