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Tunisie-Compagnie de Phosphate de Gafsa : Des chiffres en berne et des marchés perdus !

Il semble que la situation de la compagnie de phosphate de Gafsa (CPG), va de mal en pire ! Depuis la Révolution, les tensions n’ont jamais complètement disparu : Sit-in, protestations, interruptions de production, blocages de voies de communication.

Principal employeur dans la région de Gafsa, la CPG se trouve aujourd’hui dans une situation très risquée. Les chiffres en berne appuient bien ce constat !

Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de l’Industrie, la production du phosphate dans le bassin minier subit la plus grande baisse de son histoire. Durant le premier semestre de cette année, la production du secteur a atteint 1,35 millions de tonnes, enregistrant ainsi une légère augmentation estimée à 3,5% par rapport à la même période de l’année dernière, mais cela reste en deçà des résultats attendus en raison de l’agitation sociale et des sit-in . Dernière protestation en date , depuis environ trois semaines, la production de phosphate dans le bassin minier est totalement interrompue pour 3 jours suite au sit-in d’un groupe de diplômés chômeurs à Metlaoui qui ont fermé tous les sièges de la CPG, pour demander l’emploi .

Les protestations en continu ont eu lieu depuis des mois à Om Laârayes et à Redeyef , et provoquent l’arrêt de la production. Seule consolation pour ces deux centres miniers ce sont les stocks de phosphate emmagasinés depuis 2008 , et qui peuvent être acheminés vers les usines de traitement dès que la chaine de production et de transport reprend .Tous ces facteurs indiquent que l’aggravation du déficit de la société estimé, actuellement, à 66% de la capacité de production programmée de la Compagnie des phosphates de Gafsa (8 millions de tonnes par an) ne peut pas compensé à brève échéance .

Une production en baisse et des stocks épuisés !

Les stocks de phosphate dans les usines de transformation ont accusé une baisse très importante, passant de 730 mille tonnes en début de cette année à 420 mille tonnes à la fin du premier semestre de la même année. Parallèlement, la production du phosphate a entrainé la baisse la plus importante dans les dérivés du phosphate dans la région de Gabès où elle est passée de 440 mille tonnes à 90 mille tonnes. Ces quantités sont jugées très minimes et n’assurent le fonctionnement des usines que pour quelques jours. La situation devient certes plus critique. En effet, si la production du secteur continue à ce rythme, la place de ce secteur, au niveau international , va être perdue et le groupe serait incapable de respecter ses engagements et obligations envers clients et fournisseurs. C’est ainsi que le ministère de l’Industrie, dans un communiqué, a appelé les différents intervenants du bassin minier à lever le blocage dans les sites de production et de transformation pour que la CPG et le Groupe Chimique de Tunisie (GCT) puissent récupérer leurs activités et reconquérir leurs marchés extérieurs .

Des pertes de 2,5 milliards de dinars

Interrogé par Africanmanager, l’expert économique Mohsen Hassan, a affirmé, qu’une grande partie des ressources de l’Etat proviennent de la production du phosphate et que la CPG joue un rôle primordial dans l’économie tunisienne notamment en termes d’emploi. Selon lui, les pertes cumulées du groupe ont atteint 2,5 milliards de dinars depuis le mois de janvier 2011 . Cette perte est due essentiellement, à la détérioration des conditions de travail suite aux grèves politisées et mal étudiées.

Il a précisé, en outre, que les conséquences sont énormes sur l’Etat, expliquant que lorsque les revenus baissent, le déficit augmente. Au 31/12/2012, le déficit du budget de l’Etat a augmenté de 5% ce qui a été à l’origine de l’augmentation de l’endettement public, passant de 39% en 2010 à 44% au 31/12/2012. A cela s’ajoute son effet sur la balance commerciale ainsi que celle de paiement.

Mohsen Hassan nous a précisé, également, que cette situation difficile qui a frappé, de plein fouet, le secteur, depuis la Révolution nécessite un consensus national. Il s’agit, en outre, de donner la priorité aux questions économiques et ouvrir le dialogue avec toutes les composantes de la société civile notamment avec l’UGTT, afin de dépasser cette situation très délicate et préserver les acquis en termes d’emploi.  » Il faut que l’économie tourne à un rythme normal « , a-t-il martelé.

Une Banque régionale d’Investissement à Gafsa !

L’expert économique a souligné, en outre , que la situation requiert une restructuration profonde au niveau de la société et la création d’une banque régionale d’investissement dans la région minière qui doit être à participation mixte. Cette banque aura pour mission de développer l’initiative privée et de dynamiser l’économie régionale . Et d’ajouter que la CPG doit mettre en place un plan de développement spécifique à cette région et ce, en collaboration avec la société civile dans l’objectif de trouver une autre alternative tout en réduisant la pression sur cette entreprise. Il a remarqué que le groupe chimique (GCT) a perdu des marchés traditionnels tels que la Chine et l’Amérique Latine, et le Maroc, notre concurrent direct en a bénéficié .

Kamel Ayedi, expert économique nous a précisé, de son coté, qu’indépendamment des causes qui ont conduit à cette position du groupe chimique (GCT) , chaque entreprise doit contribuer au développement de la région dans laquelle elle est implantée tout en améliorant le cadre de vie des citoyens, ce qui n’a pas été respecté par le groupe chimique qui a mené, selon lui, des actions très limitées malgré son engagement dans ce processus depuis l’année 2008 :  » La CPG n’est pas suffisamment intégrée dans sa responsabilité envers la communauté « , a-t-il souligné.

On aurait dû éviter de recourir au FMI !

En revanche, il a expliqué que les revendications et les manifestations pourraient être compréhensibles, si les demandes ont été limitées dans le temps,  » mais aujourd’hui , cela devient une destruction massive et caractérisée de l’économie tunisienne. La société est en train de donner tout ce qu’elle peut  » , a-t-il martelé avouant que l’entreprise quel que soit sa taille, ne peut pas répondre à toutes les attentes.

Kamel Ayedi a souligné, en outre, que les grèves et les sit-in ne peuvent que détruire l’entreprise et le développement de la région.  » Actuellement, il n’y a que la loi qui doit être appliquée. Les Tunisiens sont en train de payer chèrement la facture  » , a-t-il alerté en appelant à mettre fin à un crime contre un patrimoine national (la CPG) qui a fait beaucoup à l’économie nationale.

Selon lui, si la société avait fonctionné normalement depuis la Révolution, l’Etat n’aurait pas recouru à l’emprunt à titre de précaution du FMI qui ne fera que pénaliser l’économie nationale .

Khadija Taboubi

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