AccueilLa UNE''Combattre le Taghout'', cri de guerre djihadiste contre l’Etat

 »Combattre le Taghout », cri de guerre djihadiste contre l’Etat

Le slogan « combattre le Taghout  » , devient le nouveau leitmotive des djihadistes contre les institutions de l’Etat , et ses symboles .

Le vocable Taghout, en anglais « juggernaut » est un terme qui désigne « une force destructrice dont rien ne peut stopper l’avancée ». Ressuscité et très utilisé par les Iraniens du temps de la révolution khomeiniste à la fin des années 1970, il a vite inspiré l’islamisme politique tunisien du temps de sa radicalisation amorcée à cette même époque. Mais l’expression a été vite délaissée pour des termes beaucoup plus « soft » comme « appareil répressif  » , pour désigner les forces de sécurité qui matent les mouvements islamistes . L’expression Taghout est tombée définitivement du lexique révolutionnaire islamiste tunisien , et n’a pas refait surface, même pendant la grande répression des années 1990.

Pourquoi donc ce slogan a été remis au goût du jour par ces djihadistes contre un Etat qui devient de plus en plus le leur, en s’islamisant , et que beaucoup d’entre eux , Abou Iyadh en tête , considèrent comme une étape dans leur marche inexorable vers un Etat islamiste ? Il est vrai que ces gens ne font pas dans la nuance , et ne parviennent pas à saisir ce que leur projet pourrait gagner en soutenant l’état actuel des choses , ou le faire évoluer vers leurs objectifs propres , par des moyens autres que la violence aveugle .Les observateurs décèlent , au-delà du manque de discernement , caractéristique des courants extrémistes , un jeu de manipulation entre le djihadisme apparenté à Al-Qaida , et l’islamisme politique, dit modéré .

Avant les élections d’octobre 2011, et pendant les premiers mois du gouvernement de la troïka, un jeu subtil s’installe au sein de la mouvance islamiste , toutes tendances confondues . Le salafisme se démarque comme étant le fer de lance du Grand Projet Islamiste , en mettant sous sa coupe plusieurs quartiers populaires , mosquées , faisant pression sur l’institution éducative et universitaire , et imposant , quoique partiellement , ses vues dans l’espace public .

Les grandes lignes du projet ne suscitent pas de divergences, tant que les objectifs de toutes les formations associées au projet, y compris Ennahdha , se situent au-delà de ce qui est réalisé . Le contenu donc importait peu, mais la lutte entre ces factions se focalise, non pas sur le point par où commencer , mais sur le point où s’arrêter . Ennahdha veut , dans la foulée, imposer le tempo , le rythme , les cibles , la dose de violence , car elle a des engagements avec les partenaires , et est tenue , au moins théoriquement , à répondre de tout ce qui se fait et se dit au nom de l’islam.

Les divergences commencent donc à émerger dès lors que l’enjeu devient régional ou global , surtout après les arrestations de djihadistes , à la suite des attaques contre l’ambassade US  et l’école américaine, le 14 septembre 2012. Les observateurs s’aperçoivent que les djihadistes réclament, en fait, une immunité pour tous leurs agissements, chose que ne peut leur consentir Ennahdha .

A partir de ce moment, chacun des deux (le djihadisme et Ennahdha ) travaille pour son compte .

Déjà, lors de l’attaque de l’ambassade américaine , les djihadistes ont traité avec cruauté les agents de sécurité , et des vidéos ont montré des atrocités commises à leur encontre , la violence envers les citoyens , les institutions de l’Etat , et les forces de l’ordre , ont accompagné les menées armées des djihadistes: Rouhia , Bir Ali Ben Khlifa , Sidi Bouzid , Jendouba , Hergla , Bouchebka , Fernana ,Le Kef , Chaambi etc…

La mouvance djihadiste bivouaque sous les tentes dans plusieurs villes et places publiques , lance des attaques verbales contre les agents de sécurité les qualifiant de Taghouts , organise des festins pour crier la joie des djihadistes à chaque explosion de mine à Chaambi , provoque la grève de la faim d’au moins 70 prisonniers salafistes , avec une orchestration qui apporte la démonstration que ce courant a un agenda bien spécifique , et veut se démarquer des autres composantes islamistes .

Ennahdha , qui a traité les autres partenaires d’en haut , en faisant valoir aux uns sa légitimité électorale , et aux autres la défense du projet islamiste , est en train de voir le terrain se dérober sous ses pieds , en perdant sur les deux tableaux : la légitimité électorale expire sous peu , et les islamistes ne sont pas convaincus de sa gestion unilatérale de leur projet commun .

Aboussaoud Hmidi

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