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Tunis : Le soldat Tunisair se relève, fermement soutenu par l’Etat qui lui accorde même sa garantie.

La compagnie tunisienne de transport aérien Tunisair, s’apprête à changer de saison et dire au revoir aux mauvais jours de la période des vaches maigres. Longtemps malmené, par la conjoncture économique internationale (Flux touristiques, change et prix des carburants) et par l’Etat actionnaire majoritaire, le transporteur officiel et l’acteur majeur tunisien dans le domaine du transport aérien, se remet lentement de ses blessures. Tunisair avait présenté son plan de redressement. Un conseil de ministres se réunit, le 27 février, et décide, d’abord, du principe de soutenir ce plan. La décision n’était pas anodine, tant l’impact, social et financier était grand et pourrait être lourd. Trois réunions de commissions après, le gouvernement tunisien se réunit, le 2 avril, et prend pas moins d’une douzaine de décisions qui changeront certainement la vie de Tunisair.

– Jrad applique la politique bourguibienne des étapes.

La situation de l’entreprise est plus que difficile. En consolidé, puisqu’elle a réintégré toutes ses filiales, l’année 2011 s’était soldée par une perte sèche de 146,5 MDT qui dépasse déjà son capital de 106,2 MDT. Au 30 juin 2012, le résultat d’exploitation était déjà déficitaire de 56,943 MDT et le résultat net, encore plus lourd, clôturant la première moitié de l’exercice 2012, affiche une perte nette de presque 71,9 MDT.

Face à cette situation et les énormes besoins financiers de Tunisair pour se relever, en vieux renard du secteur public, Rabah Jrad a préféré appliquer la politique des étapes, pour ne pas rebuter un Etat qui souffre déjà du manque de ressources et engager la restructuration. Il lui aurait fallu plus de 200 MDT, il acceptera un simple crédit du trésor d’un montant de 40 MDT avec un taux d’intérêt de 3 %, qui rentreront, ce lundi, dans les caisses de Tunisair. Ce crédit ne sera remboursé qu’après la vente des avions de l’ancien président et, à partir de juin 2014, si la vente tardait toujours. L’Etat a aussi demandé aux deux principaux prestataires de Tunisair, que sont l’OACA et la SNDP, de lui accorder un moratoire de 3 mois sur le paiement des factures mensuelles du premier trimestre 2013. Le reste des besoins du plan de restructuration financière de Tunisair, estimé à 200 MDT, devra être prochainement présenté par le ministère du Transport, dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2013 qui se prépare dans les coulisses du ministère des Finances.

– Un crédit de 92 MUSD, chez la Citibank, avec la garantie de l’Etat.

Autre signe fort de ce soutien de l’Etat à Tunisair, lui permettant ainsi de se relever, son accord de principe pour une garantie de l’Etat, dont les documents sont en voie d’être signés par le ministre des Finances, Elyes Fakhfakh.

En contrepartie, Tunisair devra revoir à la baisse son plan de flotte signé avec Airbus. Des négociations sont en cours avec l’avionneur français qui lui fera une deuxième proposition concernant les 11 appareils, dont notamment les gros porteurs, qui ne sont pas encore livrés et qui devaient lui coûter 900 MUSD. L’Etat tunisien va plus loin, pour une fois, et engage les préparatifs d’un projet de décret de radiation des intérêts de retard sur l’énorme dette du Tunisair chez l’OACA. La radiation concernera un montant de 23 MDT. Mieux encore, l’Etat décide de prendre en charge la dette de Tunisair, d’un énorme montant de 160 MDT, auprès de l’OACA. Les finances de ce dernier, n’en seront pas pour autant affectés, puisque l’Etat renoncera à ses bénéfices pour les exercices 2012 (100 MDT) et 2013 (65 MDT) de l’Office. Ce dernier paiera quand même la TVA de 10 MDT.

Ainsi et avec cet allègement de dette (165 MDT + 23 MDT de l’OACA) qui ne sera plus que de 700 MDT, devrait permettre à Tunisair de redevenir bancable et de revenir dans les bonnes grâces des banques et des bailleurs de fonds. Elle n’en sera aussi que plus belle dans les yeux de ses actionnaires de la bourse de Tunis qui ne manqueront pas d’acheter en vue de sa très probable prochaine augmentation de capital sur la bourse de Tunis

– Reste le hic du lourd plan social de 1700 employés.

Tout cela et bien d’autres décisions qui ont été renvoyées comme l’exemption de payer les droits sur le Catering (alors que l’entreprise est rentrée dans son giron) et du paiement de l’IS (un premier accord jamais concrétisé depuis Ben Ali) ou enfin celui d’accorder l’offshoring à Tunisair, ne serait pourtant que justice faite à une entreprise qui ne fait que rendre des services à tout un pays. Elle emploie 8500 personnes en dépassement de tous les ratios internationaux de rentabilité. Elle transporte tout ce que les autres refusent, comme lors des réfugiés du Sud tunisien. Elle rapatrie touts ceux que les autres refusent, comme pour le cas des Harragas et des refoulés. Elle paie même des pénalités, 1 MDT, l’année dernière, croyons-nous savoir, pour ceux arrivent à se faufiler sans visa.

Reste, pourtant, dans cet audacieux plan de restructuration, le volet social ; un plan social sous différentes formes de 1700 personnes. Pour l’instant, les syndicats disent oui, mais à condition que l’Etat signe le plan de restructuration et l’Etat dit oui à condition que le syndicat soit d’accord. En attendant, les négociations débutent doucement dans les coulisses avec un syndicat qui ne semble pas encore, comme le demande l’Etat, conscient de la gravité de la situation de l’entreprise et qui nécessite que l’UGTT aussi y mette du sien et pousse les employés à faire les concessions nécessaires pour la survie de Tunisair.

M.B.K

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