AccueilLa UNETunisie-Gaz de schiste : Les « Verts » voient rouge !

Tunisie-Gaz de schiste : Les « Verts » voient rouge !

L’affaire de l’exploitation du gaz de schiste ne finit pas de déchaîner la colère des activistes écologistes. Ce mardi 9 octobre, l’association « AgricoForest » et « Eco-système » ont marqué leur vive opposition au projet prêté au gouvernement d’autoriser la prospection et l’exploitation de cette technique en Tunisie. Quelques dizaines d’écologistes et d’experts spécialistes dans le domaine de l’écologie et de l’environnement ainsi que des simples citoyens ont manifesté devant l’Assemblée nationale constituante au Bardo, pour dissuader les autorités de permettre aux compagnies étrangères d’exploiter le gaz de schiste en Tunisie.

Les manifestants ont scandé plusieurs slogans, tels que « Shell Dégage », « Stop au gaz de schiste » ou encore « Protégeons notre environnement ». Ils ont appelé aussi à faire preuve de transparence dans les négociations entre l’Etat et la compagnie Shell et à suspendre toute activité liée à la prospection et à l’exploitation du gaz de schiste jusqu’à l’élaboration d’études claires et bien définies.

Les protestataires ont également exigé la création d’un comité indépendant composé d’experts dans le domaine et de représentants des ministères concernés ainsi que des associations écologiques, afin qu’il puisse évaluer et trancher les différents dossiers qui pourraient nuire à l’environnement et à la santé des Tunisiens.

Dans une déclaration à Africanmanager, Achref Gharbi, membre de l’association « AgricoForest » a indiqué que cette technique constitue un danger réel et éminent pour la santé des Tunisiens ainsi que pour les ressources naturelles notamment dans le secteur de l’eau et de l’agriculture. D’où l’organisation de cette manifestation qui vise à sensibiliser les citoyens ainsi que les membres de l’ANC aux dangers de cette technique d’exploitation et d’exploration du gaz de schiste. « Il faut penser dès maintenant à l’avenir de nos enfants. Cette technique nécessite l’utilisation de plus que 700 composants chimiques», a-t-il expliqué

Achref Gharbi a aussi relevé le manque de transparence dans les relations entre le gouvernement et la société Shell. Il a appelé par conséquent à conférer plus de transparence et de clarté à la question. « S’agit-il d’une licence d’exploitation uniquement ou bien d’exploration ? », s’est-il interrogé. Au Canada et en France, cette technique d’exploration a été interdite. Ainsi, les experts à travers le monde restent unanimes à la bannir. Pourquoi on voit les risques et continue à s’entêter. Il faut que la société civile bouge. On doit agir et penser à l’avenir de nos enfants », s’est écrié Achref Gharbi.

Nous refusons cette technique…ça suffit !

Assma Mdalssi, enseignante, chercheur et présidente de l’association « AgricoForest » a dénoncé, de son côté, tous les effets environnementaux qui peuvent affecter les Tunisiens de près ou de loin. Elle a aussi appelé à mettre en place une législation protégeant l’environnement.

La responsable a en outre dénoncé l’absence de transparence concernant la convention signée entre Shell et le ministère de l’Industrie. « Nous refusons cette technique ;

Ça suffit ! On a déjà des problèmes d’hygiène. Où sont les lois qui nous protègent. Pourquoi la Tunisie s’est autorisé à octroyer des permis en l’absence de la moindre protection ? Soit que la ministre de l’Environnement ne connaît pas ce problème, il s’agit d’une entourloupe », a-telle indiqué. En effet, selon elle, une fracturation hydraulique consomme autant qu’un village de 1000 personnes en une année, ce qui peut représenter une menace pour l’environnement et les terres agricoles.

Par contre, elle a estimé que « si la ministre de l’Environnement ignore ces aléas, nous n’ignorons pas qu’un permis de prospection et une convention ont été signés avec des compagnies étrangères. Nous ne sommes ni idiots ni dupes, il ne faut pas nous berner. Il faut qu’il y ait une transparence totale au niveau des ministères de l’Industrie et de l’Environnement.

« Il faut avoir des garanties pour la santé publique et la protection de l’environnement », a-t-elle ajouté.

Il s’agit de l’huile de schiste…et c’est plus grave !

Chokri Yaiche, membre de l’ANC et docteur en sciences écologiques, a expliqué que le vrai problème n’est pas celui touchant l’environnement ou l’eau, car des solutions existent, mais plutôt la désertification. « C’est une ligne rouge qu’il ne faut pas la dépasser », a-t-il expliqué.

Il a aussi démontré qu’il est impossible de générer du gaz dans les conditions de température, de pression et de profondeur qui sont celles du bloc destiné à ce projet.

Selon lui, les opérateurs et les sociétés en question visent une cible particulière. « Il y avait une différence entre l’extraction du gaz et celle de l’huile de schiste. Il est même impossible maintenant de rentabiliser le coût du baril exprimé dans le cadre de la convention signée avec Shell. Cette société projette d’obtenir des concessions d’une durée de plus de 25 ans. Il ne s’agit pas, à mon sens, de gaz mais plutôt d’huile de schiste, et c’est plus grave », a accusé Chokri Yaiche.

Le député a indiqué, en outre, que le gouvernement sait pertinemment qu’il y avait des problèmes avec le gaz ou l’huile de schiste. Que se cache derrière tout cela ? Pourquoi on annonce qu’il s’agit du gaz alors qu’il s’agit d’huile de schiste? Le gouvernement doit s’expliquer sur cette affaire », a-t-il affirmé.

En effet, un rapport de l’office national de l’énergie révèle qu’aux États-Unis, chaque puits de la formation de schiste de Barnett, dans le bassin de Fort Worth (Texas), nécessite quelque 11 millions de litres d’eau douce lors de la fracturation hydraulique. Le prélèvement d’un important volume d’eau douce dans le milieu naturel, même sur une courte période de temps, pourrait avoir des effets sur les écosystèmes aquatiques et humides, les puits d’eau potable, les systèmes d’irrigation agricole ou tout autre usage de l’eau.

De plus, chaque opération de récupération du gaz est accompagnée d’émissions de gaz à effet de serre qui contribue au changement climatique. Chaque forage occupe une emprise au sol d’environ un hectare (10.000 m2) pendant la période de forage. Après la période de forage et pendant toute la période d’exploitation, chaque tête de puits occupe plusieurs dizaines de m2 (l’équivalent d’une grange) au centre d’une surface « réservée » d’environ 1/3 d’hectare.

Plus encore, chaque puits peut produire 4 millions d’eau usée, une eau qui sera mélangée à des produits hautement corrosifs ou cancérigènes comme le benzène, et même des éléments radioactifs comme le radium.

Khadija Taboubi

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