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Tunisie : Ali Larayedh, le ministre blessé qui n’aime pas la critique et devient accusateur !

On avait dit de lui, que c’était, presque, le seul homme d’Ennahdha, qui avait su bien endosser la veste d’homme d’Etat et se défaire, comme l’Homme d’Etat qu’il devait être, de ses habits partisans. L’Homme avait, presque, fait mouche dans le cœur des Tunisiens, notamment à l’occasion des évènements de Bir Ali Ben Khalifa et par ses positions, un peu en retrait, beaucoup plus raisonnées, par rapport à ses paires dans le gouvernement d’Ennahdha. Les Tunisiens, toutes catégories confondues, l’avaient même très fortement appuyé, lors de la misérable affaire de la sordide séquence vidéo. Il avait même été élu, dans le sondage d’opinion d’El Maghreb, comme l’homme politique dans lequel les Tunisiens avaient confiance. Jusqu’à mercredi soir, devant les caméras au point de presse du Gouvernement à La Kasbah, l’Homme paraissait confiant, serein, calme et  souriant face aux journalistes dont certains portaient des pancartes dénonçant les agressions dont ils avaient fait les frais ce 9 avril.

jeudi 12 avril 2012i, devant la Constituante qui l’entendait sur l’affaire des évènements du 9 avril 2012 sur l’Avenue Bourguiba, on découvrait un autre homme, plus soucieux, en tous cas en colère, presque rancunier, en tous les cas blessé par toutes les réactions qui avaient suivi les évènements du 9 avril et qui avaient suivi l’annulation de sa décision d’interdire les manifestations sur l’Avenue Habib Bourguiba dans la capitale tunisienne. L’homme paraissait surtout en colère, encore une fois contre les médias et la presse, conforté par les seuls applaudissements des Constituants de son propre parti Ennahdha. «Je voudrai faire remarquer, que certains journalistes, qui se dressent comme étant le seul représentant légal de la liberté d’expression. Nombre d’entre eux, a vécu pendant de longues années à légitimer la répression et soutient la répression et remercie la répression», martelait-il de son index accusateur sur le perchoir de la Constituante, avant de reprendre que «il est regrettable, que l’argent du peuple, dépensé de sa sueur et de son labeur, à quelques télévisions publiques, soit volé par ceux-là».

Manifestement, Ali Larayedh avait fini par rejoindre la position de son président à Ennahdha contre la télévision publique, la Watanya 1. Ce dernier avait plus d’une fois, lui avant les journalistes dont parlait Ali Larayedh, accusé les journalistes de manquer à leur devoir nationaliste et «distribué les cartes de nationalisme»,  comme les en accuse jeudi le ministre de l’intérieur. Bien avant lui, il y avait eu le chef du Gouvernement lui-même qui avait lancé plus d’une campagne contre les médias publics, allant jusqu’à vouloir les récupérer au profit du nouveau pouvoir en place. Après lui, il y avait Samir Dilou et sa séquence du dentiste, même s’il s’en était excusé par la suite, lors de la rencontre de Hammadi Jbali avec les patrons de presse, indiquant qu’il ne visait qu’une seule personne.

La réaction du ministre Ali Larayedh devant la Constituante, intervenait sur fond d’un appel à boycotter ses activités par l’association des journalistes et suite à ce que le responsable du journal télévisé de la Watanya, Saïd Lakhzami avait appelé, «la conquête du JT» lorsqu’un Constituant d’Ennahdha avait investit les locaux du JT pour insulter ses journalistes. La violence avec laquelle il l’avait exprimée, laissait paraître un Homme, manifestement blessé par les appels de certains à sa démission et peut-être aussi par le désaveu dont il avait l’objet, lorsque le Conseil des ministres l’avait obligé à revenir lui-même sur sa propre décision. Manifestement aussi, le ministre en voulait aux médias, sans qu’il dise exactement pourquoi.

L’homme serein, devenait accusateur, croyant, peut-être, que sa connaissance des dossiers, en tant que premier responsable du ministère où le renseignement est de rigueur, donnerait une perspective menaçante à ses accusations pour «certains journalistes » qui auraient avait-il dit «vécu pendant de longues années à légitimer la répression et soutient la répression et remercie la répression», des affirmations généralisées et sans aucune preuve donnée ou dite, qui pourrait faire peur aux journalistes et au reste des médias. Le ministre critiquait, peut-être aussi, les médias et la presse tunisienne. Si c’était le cas, il était visible qu’il n’acceptait pas lui-même la critique. De l’avis de tout le monde pourtant, journalistes et hommes politiques sont historiquement voués à se regarder en chiens de faïence, qui s’aiment, se méfient l’un de l’autre et se détestent, mais presse et pouvoir, «c’est un divorce impossible» comme le disaient  Philippe Reinhard et Michel Royer dans un documentaire français connu.

Khaled Boumiza

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